La trêve humanitaire quotidienne de cinq heures annoncée par la Russie pour l'enclave rebelle assiégée de la Ghouta orientale n’a pas duré longtemps. « Les bombardements ont repris et ils sont violents, témoigne Mohamed Al-Atrach, un habitant de la Ghouta joint par téléphone par RFI. Il y a des hélicoptères et des avions de combat qui nous survolent actuellement. Vladimir Poutine avait pourtant déclaré qu’il allait y avoir une trêve. Mais là nous constatons que Vladimir Poutine n’a aucune parole. Il est 11h40 ici et les frappes ont repris. Cela signifie que Vladimir Poutine n’est pas à la hauteur de ses responsabilités ».
Le régime syrien a lancé « depuis 09H00 (07H00 GMT) neuf frappes au total, dont six obus d'artillerie, deux barils d'explosifs et un raid aérien », a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). L'agence officielle Sana a de son côté fait état de tirs de roquettes par les rebelles visant les couloirs humanitaires au niveau du camp d'Al-Rafidain dans le but d'empêcher les civils de quitter la région, selon Sana.
Moscou accuse les rebelles
De son côté, l’ONU a confirmé mardi la reprise des combats dans la Ghouta orientale. « Nous constatons que les combats continuent alors que je vous parle, ce qui rend impossible » l'envoi de convois d'aide, a déclaré Jens Laerke, porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) à Genève.
Selon l’armée russe, les rebelles ont ouvert le feu dès 9h sur le couloir humanitaire mis en place par le régime syrien, rapporte notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot. Ces tirs intenses, affirme Moscou, ont empêché les civils de sortir de la zone. Pour Dmitri Peskov, porte-parole du président russe Vladimir Poutine, ce sont donc les rebelles qui sont à l’origine de l’échec de la trêve : « Nous travaillons intensivement pour cette trêve. Mais il est regrettable de constater que les Occidentaux ignorent le désordre et les actes outrageux des terroristes qui se protègent en prenant les civils en otage. Malgré tout, la Russie va continuer à travailler à la mise en œuvre de la résolution. »
En visite à Moscou où il a rencontré son homologue russe, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a lui pointé du doigt la responsabilité du régime syrien. « Les trois groupes majeurs présents dans la Ghouta viennent d’écrire à la présidence du Conseil de sécurité pour accepter la trêve », a notamment déclaré le ministre français des Affaires étrangères. « Il serait bon, a-t-il ajouté, que le régime de Bachar el-Assad le dise aussi. »
Par ailleurs, rapporte notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh, trois des principaux groupes rebelles, Jaych al-Islam, Faylaq al-Rahman et Ahrar al-Cham ont annoncé qu’ils étaient prêts à assurer la sortie des jihadistes de la Ghouta orientale, dans un délai de 15 jours, mais des sources proches du régime dénoncent une manœuvre pour gagner du temps.