Avec notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche
Tout semblait bien parti. Pour la première fois, les opposants au régime de Bachar el-Assad devaient parler d'une seule voix à Genève acceptant de ne pas faire du départ d'Assad une précondition aux discussions.
Sauf que la concession passe mal. Des opposants ont précisé que le président syrien devrait dans tous les cas partir après une période de transition. Colère de Damas. Le régime a indiqué à l'émissaire spécial de l'ONU Staffan de Mistura que ses envoyés n'arriveraient pas à temps à Genève.
« Le gouvernement n'a pas encore confirmé sa participation, a dit Staffan de Mistura, devant le Conseil de sécurité. Nous attendons, bien sûr, que la délégation du gouvernement arrive bientôt à Genève. Surtout après l'entretien qu'ont eu les présidents Assad et Poutine à Sotchi. »
Et c'est d'ailleurs à Sotchi, en Russie, que le président russe aimerait bien que les choses se passent désormais. L'homme fort dans le dossier syrien souhaite y organiser un congrès entre le régime, ses opposants, et leurs alliés respectifs, Iran et Turquie en tête. L'ONU ne serait plus qu'un simple spectateur. Staffan de Mistura le sait. Il a rappelé au Conseil de sécurité que la seule médiation possible passe par les Nations unies. Et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité se réuniront mardi à Genève à l'initiative de la France au sujet de la Syrie.
La Russie à la manœuvre
Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
En annonçant que ses représentants ne se rendraient pas à Genève lundi, le gouvernement syrien entendait protester contre le communiqué de la coalition de l’opposition soutenue par Riyad. Ce texte affirme que le président Bachar el-Assad devrait quitter le pouvoir au tout début de la transition politique. Pour Damas, cette position est inacceptable. Elle constitue un retour à la case départ, que les nouveaux rapports de force nés des victoires militaires de l’armée syrienne soutenue par ses alliés, ne permettaient pas.
Mais derrière ce prétexte invoqué par Damas se profile une rivalité entre les puissances occidentales, qui appuient le processus de Genève, et la Russie qui veut organiser sa propre conférence inter-syrienne, à Sotchi. Soutenue par l’Iran et la Turquie, cette conférence se tiendra en février, selon une source diplomatique russe citée lundi par des agences de presse. Ces deux conférences de dialogue risquent de se télescoper car elles ont pratiquement le même agenda.
L'émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a annoncé lundi que quatre sujets devraient être discutés à Genève : mise en place d'une « gouvernance crédible, inclusive et non-sectaire », élaboration d'une nouvelle Constitution, préparation d'élections « sous la supervision de l’ONU », discussions sur le terrorisme. Les mêmes thèmes seront à l’ordre du jour à Sotchi en février.