Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
C’est un homme fatigué, au teint pâle, au ton hésitant, qui est apparu dimanche soir à la télévision. Saad Hariri a reconnu que le fait d’avoir annoncé sa démission à partir de l’étranger n’est pas constitutionnel et a dit qu’il devrait la présenter au président de la République. C’est ce qu’il compte faire lorsqu’il reviendra à Beyrouth dans les prochains jours, a-t-il dit, sans donner de date précise de son retour.
Le but de cette démission inattendue était de « provoquer un choc positif », pour attirer l’attention des Libanais sur les dangers auxquels le pays est confronté. Ces dangers viennent, selon lui, des ingérences du Hezbollah dans les affaires arabes, notamment la guerre du Yémen. Seule la neutralité est susceptible de préserver la stabilité du pays.
Accroché à son verre d’eau, Saad Hariri a expliqué son silence d’une semaine par le fait qu’il était dans une situation de « méditation », après sa décision de démissionner. Interrogé sur le fait de savoir s’il était libre de ses mouvements, Saad Hariri a assuré qu’il pouvait rentrer ce soir même s’il le souhaitait.
Mais avec son ton monocorde, la lassitude dans le regard, et la larme qu’il a versée à un moment, les Libanais ont eu du mal à reconnaître leur Premier ministre, toujours souriant.