Syrie: le groupe EI chassé de la province de Hama

L'armée syrienne et ses alliés ont réussi à chasser mercredi 4 octobre les jihadistes du groupe Etat islamique de leurs dernières positions dans la province de Hama, après un mois de combats meurtriers, qui ont fait 600 morts dans les deux camps, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

Le groupe Etat islamique contrôlait depuis trois ans le tiers de la province centrale de Hama, d’où il menaçait toutes les routes de ravitaillement de l’armée syrienne allant vers Alep, au Nord, Homs, au centre, et Damas, plus au sud.

Les troupes gouvernementales ont réussi, dans un premier temps, à couper en deux un territoire de plus de 5 000 kilomètres carrés contrôlé par les jihadistes entre les provinces de Hama et de Homs. Début septembre, l’armée syrienne a lancé l’assaut final contre la poche de Hama, avec l’appui du Hezbollah libanais, de volontaires iraniens et de l’aviation et de forces spéciales russes.

Les jihadistes ont opposé une résistance acharnée, lançant contre les assaillants une soixantaine de véhicules bourrés d’explosif, pilotés par des kamikazes. Mais c’était une bataille perdue d’avance pour eux, car ils étaient totalement encerclés par les troupes syriennes, qui avaient engagé de gros moyens et d’importants effectifs.

Les combats ont fait plus de 400 tués dans les rangs des jihadistes et 190 morts dans ceux de l’armée syrienne et de ses alliés, rapportenotre correspondant à Beyrouth,  Paul Khalifeh.

Une victoire à relativiser

Cette victoire permet de sécuriser définitivement les routes de ravitaillement des troupes gouvernementales et met des dizaines de villes et de villages à l’abri des attaques jihadistes. Mais pour autant, il faut nuancer la portée de cette victoire estime Thomas Pierret, maître de conférence à l'Université d'Edimbourg et spécialiste de la Syrie.

« C’était pour l’EI un combat d’arrière-garde, dans la mesure où il était totalement encerclé dans cette région, analyse le chercheur. Puisque beaucoup plus à l’est, les forces du régime ont atteint la ville de Deir Ezzor il y a quelques semaines. Cette poche dans la région de Hama n’avait plus beaucoup d’importance stratégique pour l’EI. Elle était perdue de toute façon. Et elle est très éloignée des régions que l’organisation contrôle encore solidement dans la vallée de l’Euphrate. »

Qui plus est, souligne Thomas Pierret, la conquête de Hama intervient alors que les jihadistes, eux, se sont emparés d'une localité au sein d'une zone du régime. « Un autre bémol, c’est qu’au moment même où cette victoire se produit, l’EI vient, lui, de reprendre une petite ville qui est en plein milieu des territoires contrôlés par le régime. Donc l’organisation a réussi à laisser derrière elle des cellules dormantes qui ont été réactivées pour reprendre cette localité très loin derrière les lignes tenues par l’EI. »

« Ce qui suggère que les avancées très impressionnantes du régime à travers le désert au cours des derniers mois – des avancées contre l’EI – demeurent peut-être fragiles par endroit et que le régime pourrait peut-être manquer des effectifs qui sont nécessaires à la stabilisation à long terme de ces régions », conclut ce spécialiste de la Syrie.

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