Les chameaux qatariens, «persona non grata» en Arabie saoudite

La politique prend parfois des chemins étranges. Quelque 15000 chameaux ont été expulsés d’Arabie saoudite cette semaine. Car l’embargo imposé par trois pays du Golfe à tous les Qatariens concerne aussi les chameaux. L’affaire fait depuis plusieurs jours le tour des journaux et des réseaux sociaux.

Avec notre envoyée spéciale à Doha,  Angélique Ferat

La logique administrative est implacable. Les propriétaires de chameaux sont du Qatar ; les chameaux sont qatariens ; ils doivent donc être expulsés.

Ce qui fait réagir, c’est la manière. Aucune information n'a été donnée aux éleveurs ; les chameaux ont été déplacés et parqués en plein soleil à la frontière pendant presque une journée sans eau et sans manger. Les plus petits sont morts. Ensuite, ils ont été poussés à travers un couloir étroit et des dizaines de chameaux ont des fractures. Ils vont mourir à petit feu.

Cet éleveur a perdu 30 chameaux. Il nous montre deux hameaux qui vont mourir, un petit qui a une fracture à l'épaule et une femelle. L'homme raconte : « Certains Saoudiens nous montraient des boissons lactées qu'on importe ici au Qatar. Ils nous disaient : "Vous n'en boirez plus, on est sous embargo." On ne s'attendait pas à une telle attitude. Ici, on vit des deux côtés de la frontiere. J'ai une voiture saoudienne, on mange saoudien... Bref, on est consternés. »

Le Qatar a ouvert aux éleveurs une réserve naturelle pour que leurs bêtes puissent se reposer et manger. Le gouvernement leur fournit aussi de l’eau. Quelque 35 000 chameaux seraient encore de l'autre côté de la frontière.


■ Quand la Turquie vole au secours de l'émirat qatarien

Le 5 juin, l'Arabie saoudite, mais aussi les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte, ont rompu leurs relations avec Doha, qu'ils accusent de soutien au terrorisme, puis ont fermé toutes leurs frontières aériennes, maritimes et terrestres.

Depuis le début du boycott, la Turquie a triplé ses exportations vers le Qatar. Les exportations ont atteint 32,5 millions de dollars, selon le ministre turc des Douanes et du Commerce. Une situation qui pourrait profiter à Ankara.

→ Écouter sur RFI : Les conséquences humanitaires du blocus au Qatar

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