Avec notre envoyée spéciale à Doha, Angélique Férat
Ambiance d’effervescence en pleine nuit. Des familles, des individus, sont reçus chaque soir jusque tard dans tous les bureaux du bâtiment. L’un vient parce qu’il ne peut plus atteindre sa ferme d’élevage de chameaux en Arabie saoudite, un autre se plaint que le mariage de sa sœur avec un Saoudien va devoir être annulé. Elle pourrait avoir un visa spécial mais la famille ne pourra pas assister aux célébrations.
Naif, lui, est en 2e année de droit à l’université d’Ajman dans les Emirats. Ou plutôt il l’était jusqu’à la mi-juin. « On a appris par les réseaux sociaux que le gouvernement des Emirats demandait à tous les Qataris de quitter le pays dans un délai de 14 jours, raconte-t-il. C’est un choc, c’était aussi un peu la peur. J’étais dans mon année de diplôme. Aujourd’hui j’ai perdu presque 3 années d’études. Et ça m’a couté beaucoup d’argent pour rien à l’arrivée. »
En parallèle, 13 000 familles vivant au Qatar ont été appelées à rentrer dans leurs pays par les autorités de leur pays. Bahreïn menace d’enlever la nationalité à ceux qui sont restés au Qatar après le 20 juin. L’Arabie saoudite promet la prison. Alors certains ont peur, et tous d’admettre que jamais au grand jamais ils n’auraient pensé que ça irait aussi loin.