Dès l’annonce de la rupture des liens diplomatiques avec l'émirat, l’Arabie saoudite a fermé les bureaux de la chaîne qatarienne Al-Jazeera installée sur son sol. Quant aux citoyens qatariens des Emirats arabes unis, ils ont deux semaines devant eux pour quitter le territoire.
« Ce sont des décisions sans précédent, qui touchent la vie quotidienne de nos concitoyens et perturbent les relations familiales qui unissent les peuples des pays du Conseil de coopération du Golfe, mais notre pays a choisi de ne pas surréagir », a déclaré le ministre quatarien des Affaires étrangères.
« Nous ne prendrons pas de mesures de rétorsion. Nous estimons que tout problème ou crise entre pays voisins et amis doit trouver sa solution autour d’une table de négociation. Le choix stratégique de notre pays, c'est de régler toute crise par le dialogue », ajoute Mohammed Bin Abdul Rahman.
La crainte pas forcément justifiée d'une pénurie
L'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont tous deux décidé de fermer leurs frontières avec le Qatar, le privant de passage terrestre, maritime ou aérien vers ses voisins. L'émirat du Golfe, qui importe 90 % de ses denrées alimentaires - la grande majorité passant par l’Arabie saoudite -, est ainsi isolé.
Les autorités saoudiennes ont annoncé ce mardi qu'elles avaient annulé la licence de Qatar Airways, et que les bureaux de la compagnie en Arabie saoudite fermeraient « d'ici 48 heures ». Les employés, expatriés pour beaucoup, se verront aussi retirer leurs permis de travail et de séjour dans le royaume saoudien.
A cette heure-ci, rien ne dit qu’une pénurie est à venir, mais l’effet de foule a conduit à un certain vent de panique. Notre correspondante à Doha, Sabrina Bennoui, rapporte que dans certains supermarchés, les résidents se sont rués dans les rayons par précaution.
Dissuader le Qatar de prendre l’Iran comme interlocuteur
De surprise en surprise, un officiel iranien a même suggéré que Téhéran pouvait répondre aux besoins alimentaires du Qatar en cas de nécessité. Histoire de contourner la dépendance de l'émirat à l’égard de l’Arabie saoudite. Le Qatar n’a pas encore réagi.
La crise intervient deux semaines après une visite du président américain à Riyad, où Donald Trump a fustigé l'Iran, dont le rapprochement avec le Qatar exaspère ses voisins. Mais si les sanctions ont vocation à dissuader le Qatar de prendre l’Iran comme interlocuteur, elles pourraient aussi créer un rapprochement.
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