Avec notre envoyée spéciale à Qaraqosh, Oriane Verdier
Dans le tribunal fédéral de Qaraqosh, à la périphérie de Mossoul, les habitants de la région se bousculent. Beaucoup viennent des zones libérées de la deuxième ville d'Irak comme Asma et Fadhia, pressées l'une contre l'autre.
« Mon mari était en prison sous Daech [acronyme arabe de l'Etat islamique] et ils l'ont tué, raconte Asma. Je suis là pour avoir un avis de décès. Depuis 2016, je n'arrive pas à le déclarer mort ». « Moi mon fils a été blessé par balle à la tête alors qu'il rentrait du travail, explique Fadhia. Je voudrais de l'aide pour l'opérer ».
Frappe de la coalition
Hussain, lui, sort une fois de plus sans avoir atteint son but. Il tient dans ses mains des photos de corps meurtris et d'un bâtiment totalement détruit. « Daech nous a regroupés dans une école de Mossoul, raconte-t-il. Ensuite, le bâtiment a été touché par une frappe aérienne. Seuls mon fils et moi avons pu sortir vivants ».
« Regardez cette photo, c'était ma fille de un an, je n'avais même pas eu le temps de déclarer sa naissance, poursuit-il. Mon autre fille avait trois ans. Elles et leur mère sont restés plusieurs semaines sous les décombres puis ont été enterrées. Moi, je veux une autorisation pour déterrer ma femme et mes filles et pouvoir les enterrer dans un cimetière convenable mais je n'y arrive pas ».
Cette frappe aérienne a eu lieu le 13 janvier 2017. Depuis, le Pentagone a reconnu la responsabilité d'une autre frappe aérienne ayant tué 105 personnes en mars dernier. Il ne s'agit malheureusement pas d'un cas isolé.