Avec notre envoyé spécial à Gaza, Guilhem Delteil
Depuis 8 heures du matin, Abu Ahmad et des dizaines de fonctionnaires de l’Autorité palestinienne se tiennent devant une agence de la banque de Palestine. « J’attends de pouvoir retirer mon salaire pour pouvoir acheter de quoi manger pour ma femme et mes enfants. »
Habituellement, les salaires sont versés en début de mois. Cette fois-ci, ils ont plus d’une semaine de retard. Et c’est une source d’angoisse pour lui qui, en avril, n’a touché que 85 euros.
« S’ils coupent encore nos salaires de 30 %, j’aurai la même somme qu’en avril. Mais s’ils coupent plus, je n’aurai plus rien pour mes enfants. Et des rumeurs parlent cette fois-ci de coupes de 30 à 60 %. »
Quand le Hamas a pris le pouvoir dans la bande de Gaza il y a dix ans, Abu Ahmad a reçu pour instruction de ne plus se rendre au bureau. Aujourd’hui, il a le sentiment d’être pris au piège d’une nouvelle bataille entre le mouvement islamiste et le Fatah du président Mahmoud Abbas.
« Bien sûr que je suis en colère contre cette coupe décidée par l’Autorité palestinienne. Ils ne font pas de mal au Hamas, ni à ses membres ni à ses dirigeants. Ce sont nos familles qui souffrent. » Après huit heures d’attente, Abu Ahmad finit par renoncer. Les salaires n’ont toujours pas été versés : il reviendra ce mercredi.