Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
C’est de l’enceinte de la grande mosquée d’al-Azhar, haute autorité morale de l’islam sunnite, que le pape François a appelé à un renouvellement de la fraternité islamo-chrétienne pour lutter contre l’extrémisme religieux. Un extrémisme contraire à l’essence même des religions au nom desquelles il pratique la violence.
Le pape François a entamé son discours par un chaleureux « al-Salam Alaykom » – que la paix soit sur vous – qui est la formule musulmane du salut.
Le pape a estimé que la religion devait faire partie de la solution et non du problème. Une religion qui, selon lui, devait être séparée de la politique et non de la société. Il a conclu par un appel à l’unité pour lutter contre le mal qui menace l’humanité.
« Vive l’Egypte »
Devant le président égyptien, le pape a salué le désir de renouveau et d’ouverture prôné par Abdel Fattah al-Sissi tout en évoquant la nécessité de respecter les droits de l’homme. Et de conclure son allocution par un vibrant « Vive l’Egypte », une formule patriotique chère au chef de l’Etat.
Il s’est enfin rendu à la cathédrale copte orthodoxe où il a présenté ses condoléances et prié pour le repos de l’âme des victimes du terrorisme. « Le christ est ressuscité, bien ressuscité », a-t-il dit au responsable de l'Eglise copte.
Aux Egyptiens désespérés par l’effondrement de l’industrie vitale du tourisme il a dit que « l’Egypte, mère des civilisations », était « une terre de paix ».
Sur les réseaux sociaux, des islamistes ont tout de même critiqué la visite du pape qualifiée de « Mouled », ou fête populaire de la nativité du prophète ou d’un saint musulman. Selon eux, le gouvernement accorde plus d’importance au chef des chrétiens qu’aux croyants musulmans. Des critiques qui ont provoqué de violentes contre-attaques de la part d’un grand nombre d’internautes.
►Analyse
Dans l’enceinte de la prestigieuse université sunnite du Caire, le pape François s’est livré à une longue réflexion sur la violence au nom de la religion. Prenant soin de ne faire aucune référence à l’islam comme avait pu le faire le pape Benoît XVI dans son discours de Ratisbonne, François s’en est tenu à dénoncer la haine quand elle se réclame de la religion comme la « négation de toute religiosité et une falsification idolâtre du nom de Dieu ». « Ensemble affirmons l’incompatibilité entre violence et foi entre croire et haïr » a déclaré François haut et fort.
Et c’est ce ton à la fois ferme, fraternel et bienveillant que l’on retiendra de ce discours du Caire où le pape a défendu à la fois la paix au nom de Dieu, la liberté religieuse, la séparation de la sphère politique de celle de la pratique, l’accès à l’éducation, la résorption des pauvretés, la rencontre entre les religions et les cultures où « l’autre ne doit pas être vu comme un ennemi mais accueilli en compagnon de route. En Egypte, le pape a appelé les responsables musulmans à devenir des bâtisseurs de la civilisation de la rencontre.
Le pape François doit célébrer samedi matin une messe en plein air sous haute surveillance avec les fidèles coptes catholiques .