Avec nos correspondants à Washington et au Caire, Anne-Marie Capomaccio et Alexandre Buccianti
Le maréchal Sissi fait partie de ces chefs d'Etat étrangers qui attendaient avec impatience le départ de Barack Obama. Le président égyptien n'avait jamais été reçu à Washington par le 44e président des Etats-Unis, qui avait même suspendu un temps les livraisons d'armes américaines au Caire. Une aide stratégique de 1,3 milliard par an, menacée par les démocrates qui mettaient en avant « des violations flagrantes des droits de l'homme ».
Depuis qu'Abdel Fattah al-Sissi, ministre de la Défense égyptien, avait destitué le président Mohamed Morsi, démocratiquement élu, puis avait pris sa place, les ponts étaient donc presque coupés entre Washington et Le Caire. C'est le Pentagone qui gardait une sorte de ligne de survie. Mais c'est du passé ; aujourd'hui, le courant passe parfaitement entre le président égyptien et son homologue américain Donald Trump.
L'espoir du président Sissi est sans doute de bénéficier d'une plus grande indulgence de la part de la nouvelle administration. Les deux hommes se sont déjà vus à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, lorsque Donald Trump était encore candidat, au plus bas dans les sondages. Il avait alors décrit Sissi comme « un gars fantastique », et ce dernier avait trouvé que Trump avait l'étoffe d'un « grand leader ».
Mais au-delà des « bonnes ondes » entre les deux hommes, pour reprendre l'expression du porte-parole de la Maison Blanche, on ne sait pas ce qui peut concrètement ressortir de cette visite. On ignore si Donald Trump demandera au président égyptien en privé ce qu'il réclame en public : un engagement sonnant et trébuchant plus important dans la lutte contre le terrorisme.
La gestion autoritaire du président égyptien est appréciée par un Donald Trump, qui le citait en exemple dans la lutte contre le terrorisme et le groupe Etat islamique pendant sa campagne électorale. Mais de son côté, le président al-Sissi va peut-être essayer d'obtenir un accroissement de l'aide militaire et économique américaine.
La rencontre devrait en tout cas être dominée par la lutte contre l'EI et la stabilité du Proche-Orient. Deux sujets sur lesquels Le Caire et Washington sont en parfaite concordance depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. La question des droits de l'homme, chère à l'administration Obama, sera vraisemblablement mise en sourdine. Par ailleurs, et contrairement à Obama, Trump ne voit pas d'un bon œil la confrérie des Frères musulmans, l'ennemi juré du régime égyptien.