Avec nos envoyés spéciaux à Mossoul, Sami Boukhelifa et Boris Vichith
Dans une vidéo publiée sur internet par les jihadistes, Firas Moayid s’exprime. Détenu par le groupe EI, il fait part de ses dernières volontés. Il porte une combinaison orange, celle des condamnés à mort. A la vue de cet enregistrement, la mère et les sœurs de Firas sont en pleurs. L’un de ses frères, Nibras, lève la tête vers le ciel comme pour empêcher ses larmes de couler.
« Il y avait une Yézidie détenue par Daech qui a réussi à s’enfuir. En cherchant à se cacher quelque part, elle est tombée sur mon frère. Il a fait face à ses responsabilités et l’a amenée chez nous. Elle est restée un mois ici. Nous avons essayé de lui apprendre l’arabe. Je lui ai donné la pièce d’identité d’une de mes filles et nous avons payé un passeur pour la faire sortir de Mossoul », explique son frère.
Firas Moayid ne s’arrête pas là. Selon ses frères et sœurs, il était déterminé à sauver le plus de Yézidies possible. « La deuxième fille yézidie, Firas l’a achetée à un combattant de Daech. Ce jihadiste avait bien compris que Mossoul allait être reprise par l’armée. Il a tout vendu et a pris la fuite vers l’étranger ». Cette femme est alors recueillie à son tour par Firas et exfiltrée de Mossoul.
Dans la foulée, le frère aîné de la famille Moayid est arrêté par le groupe EI. A-t-il été exécuté ou a-t-il été libéré par l’armée au moment du début de l’offensive contre les jihadistes à Mossoul ? Sa mère, ses frères et ses sœurs préfèrent croire à la deuxième possibilité. Ils s’accrochent à l’espoir de le voir revenir bientôt.