Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
Avec la prise d’Al-Bab, la Turquie a atteint un de ses objectifs prioritaires, celui d’empêcher la jonction entre les Kurdes de l’ouest et de l’est de la Syrie. L’armée turque et ses alliés syriens, regroupés au sein du « Bouclier de l’Euphrate », contrôlent désormais quelque 5000 kilomètres carrés du territoire syrien, sur une profondeur atteignant 90 kilomètres.
Toutefois, le président turc Recep Tayyip Erdogan a d’autres ambitions. Il veut maintenant prendre Manbij, qui est aux mains des Forces démocratiques syriennes, une coalition kurdo-arabe soutenue par les Etats-Unis. Il souhaite aussi participer à l’offensive contre Raqqa, la capitale auto-proclamée du groupe Etat islamique.
Mais c’est plus facile à dire qu’à faire, car pendant que l’armée turque et ses auxiliaires locaux étaient occupés à prendre Al-Bab, l’armée syrienne continuait sa progression vers l’est, en reprenant aux jihadistes des dizaines de villages et de hameaux. Lundi 27 février, les troupes gouvernementales syriennes ont opéré leur jonction avec les Forces démocratiques syriennes, barrant ainsi la route vers Raqqa.
Si l’armée turque tente de prendre Manbij, elle devra affronter les forces kurdo-arabes, protégées par les Etats-Unis. Si elle décide de marcher sur Raqqa, vers le sud, elle aura en face d’elle l’armée syrienne, soutenue par la Russie. Avec ces nouvelles réalités sur le terrain, les options de Recep Tayyip Erdogan semblent bien limitées.