Irak: les civils en première ligne de la bataille de Mossoul

La bataille pour la libération totale de Mossoul se poursuit en Irak. Les forces de sécurité tentent de reprendre l'ouest de la ville de Mossoul des mains de l'organisation Etat islamique. 750 000 civils restent piégés à l'intérieur. Certains ont commencé à fuir les combats mais aussi le manque de nourriture.

Alors que les combats font rage à Mossoul où l’armée irakienne tente de déloger les jihadistes de la deuxième ville du pays, la situation devient critique pour les civils qui subissent les conséquences directes des affrontements.

« Il n'y a pratiquement plus de nourriture et de médicaments. C'est pour ces deux raisons que les gens fuient Mossoul. Pour leur sécurité évidemment, mais aussi parce qu'ils n'ont rien à manger, à part du pain, explique Elisabeth Koek du Conseil norvégien pour les réfugiés qui se trouve actuellement dans un camp abritant 8 000 personnes au sud de la ville.

Nous avons même parlé à une famille qui a survécu ces derniers jours uniquement en mangeant des graines pour oiseaux. Nous savons que depuis le mois de novembre, les gens ne peuvent compter que sur leurs stocks parce que la route reliant Mossoul et la Syrie a été coupée. Nous n'avons pas constaté pour l'instant de cas de malnutrition sévère, mais les gens nous ont dit qu'ils ne pouvaient survivre qu'en mangeant du pain. La population manque aussi de médicaments, surtout pour les maladies chroniques. J'ai parlé à un homme souffrant d'hypertension qui n'a pas eu de traitement depuis 6 mois. »

Des civils pris en otages

Mais la situation est encore plus difficile pour les civils qui n’ont pas encore pu fuir la ville. Après avoir pris la partie est de Mossoul, les forces irakiennes cherchent à reconquérir la partie ouest où sont retranchés les combattants du groupe Etat islamique et avec eux des milliers de civils pris en otage par les jihadistes.

« Les combattants de Daech méprisent les gens. Ils n’ont aucune considération pour les civils [dans les quartiers ouest de Mossoul]. Là-bas, un homme que je connais vient d’avoir affaire à eux. Un jihadiste est venu frapper à sa porte et lui a dit 'quitte ta maison nous en avons besoin'. L’homme a répondu : 'je ne peux pas partir d’ici. Nous avons avec nous une vieille dame qui ne peut pas se déplacer, sa santé est fragile'.

Le jihadiste a alors dit 'je veux la voir, montre-moi'. L’homme n’avait pas le choix, il l’a conduit à son chevet, et là le jihadiste a sorti son pistolet et a abattu la vieille dame. Il a tiré trois fois. Le jihadiste a dit 'voilà maintenant tu n’as plus d’excuse, tu peux quitter ta maison'. C’est comme ça qu’ils agissent. Ils peuvent, tuer, prendre une vie pour un oui ou pour un non. La colère de Dieu s’abattra sur eux ».

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