Sur la route entre Damas et Alep, le défilé de la guerre

Près de deux mois après la reprise d’Alep-Est, le ravitaillement reste précaire : les camions qui approvisionnent la ville en carburant, nourriture et médicaments doivent en effet effectuer un long détour pour contourner la province d'Idleb, toujours contrôlée par la rébellion. Reportage.

Avec notre envoyé spécial en Syrie, Daniel Vallot

C'est un trajet de dix heures environ, entre Damas, la capitale, et Alep, la ville du Nord, étranglée par la guerre et les pénuries. Sur les bas-côtés défilent les stigmates des combats qui ont éclaté au cours des dernières années : camionnettes calcinées, maisons détruites, pylônes électriques renversés… Régulièrement, il faut traverser les check-points dressés par l'armée syrienne pour sécuriser les convois.

« Maintenant, la route est sûre. Elle est sous le contrôle de l'armée », nous explique Alla, un chauffeur qui a effectué le voyage à de nombreuses reprises. « Mais il y a encore deux ans, c'était bien plus dangereux, dit-il. Les rebelles attaquaient les convois, il y avait des enlèvements sur la route, et des tirs de snipers. »

Au nord de Hama, il faut tout de même effectuer un détour de plusieurs heures pour éviter Idleb, toujours aux mains des rebelles. Sur certains tronçons, la route s'engage entre des territoires tenus par le Front al-Nosra et par l'organisation Etat islamique. « Ils sont des deux côtés de la route, à une dizaine de kilomètres, nous raconte Alla, en jetant un regard inquiet à droite et puis à gauche. De jour, ils n'osent pas s'approcher. Mais durant la nuit, ils peuvent s'infiltrer et poser des engins piégés. »

Tous les matins, l'armée nettoie les tronçons les plus exposés. Il faut à tout prix que la route reste ouverte, car chaque jour, ce sont des dizaines de camions qui l'empruntent pour apporter à Alep le ravitaillement dont la ville a cruellement besoin. Près de deux mois se sont écoulés depuis la reprise d'Alep-Est par les forces du régime syrien. Pour les habitants de la ville, les conditions de vie restent cependant toujours aussi difficiles. Les infrastructures sont détruites ou hors d'usage.

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