Le lieu visé par l'attaque de ce dimanche est hautement symbolique, tant religieusement que politiquement. La cathédrale Morcossiya du Caire est le siège papal vénéré par les quelque neuf millions de coptes d’Egypte et les deux millions de la diaspora. Des coptes que les islamistes accusent d’avoir soutenu la destitution du président Frère musulman Mohamed Morsi par l’armée.
Pour l’écrivain et journaliste d’origine égyptienne Robert Solé, les coptes paient ainsi le fait de ne pas être musulmans et d’avoir soutenu massivement le président Sissi. « Ils ont voté pour lui comme un seul homme », insiste-t-il.
En avril 2013, quand la confrérie des Frères musulmans était au pouvoir, la cathédrale avait été attaquée aux cocktails Molotov et à l’arme à feu par des centaines d’islamistes, rappelle notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti. Depuis son arrivée au pouvoir, le président Abdel Fattah al Sissi s’est rendu à chaque Noël copte à la cathédrale où il était acclamé par des chrétiens voyant en lui leur sauveur.
On estime à plus de 100 000 le nombre de coptes qui ont émigré d’Egypte pendant que la Confrérie était au pouvoir. Par ailleurs, des dizaines d’églises ont été incendiés en Egypte après la dispersion sanglante du sit-in islamiste de Rabaa en août 2013. « On s’en prend aux coptes et on sait que ça fait beaucoup de bruit, que ça gêne énormément les autorités, que ça divise la Nation. C’est une cible facile, d’autant que les coptes ne sont pas violents eux-mêmes. Ils ne répondent pas à ce genre de violence », analyse encore Robert Solé.
L'imam de la plus haute institution de l'islam sunnite en Egypte, al-Azhar, a condamné une attaque « infâme ».