[Reportage] Irak: un vendredi de prière sous tension à Bagdad

Le groupe Etat Islamique contre-attaque. Alors que l’organisation terroriste subit l’offensive des forces irakiennes contre son bastion de Mossoul, les jihadistes ont lancé deux attaques suicides. Elles ont ciblé vendredi 21 octobre la ville voisine de Kirkouk. Plus au Sud, Bagdad est également sous haute tension. Des dizaines de combattants islamistes se seraient repliés dans la capitale où le risque d’attentats est très élevé. Le groupe Etat islamique cible généralement les lieux de culte à l’heure des prières. Reportage.

Avec notre envoyé spécial à Bagdad, Sami Boukhelifa

Beaucoup d’agitation au pied de la mosquée Cheikh Abd el-Kader, la deuxième plus importante de Bagdad. A l’intérieur les prières de l’imam vont aux habitants de Mossoul. Les fidèles, comme Sayid Salem, se disent également de tout cœur avec les centaines de milliers de civils pris en otage par le groupe Etat islamique dans cette ville. « Tous ces gens vivent une injustice, confie-t-il. A Mossoul, ils sont dans une prison à ciel ouvert. La mort serait moins pénible que ce qu’ils endurent. Ici en Irak nous ne sommes à l’abri nulle part. Dans ta propre maison, dans ta propre chambre tu peux être attaqué. »

Dans son prêche l’imam appelle les Irakiens à s’unir. Chiites, sunnites, il faut mettre fin à la discorde, implore le cheikh dans son micro. Plus facile à dire qu’à faire selon cet autre fidèle, Abou Ahmed : « Oui nous formons un seul peuple, et notre parole et nos actes doivent en principe nous rassembler. Mais écoutez ce que dit l’imam, il le sait, les gens ont de l’amertume dans le cœur ».

Ces ressentiments entre les deux principales confessions irakiennes font craindre le pire. L’offensive actuelle contre Mossoul, ville à majorité sunnite, est menée entre autres par des milices chiites. Elles reprochent aux sunnites une proximité avec les jihadistes. Ces milices ont souvent commis des exactions contre les civils.

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