Un hommage et des revendications : quelques centaines de policiers se sont rassemblés en silence mardi devant les commissariats de France en solidarité avec leurs collègues attaqués samedi dans l'Essonne.
Devant le commissariat de Savigny-sur-Orge ce midi, les policiers sortent du commissariat, sous les applaudissements d'une quinzaine de riverains. C'est là, à quelques kilomètres des lieux du drame, que travaillent trois gardiens de la paix blessés dans l'attaque.
En réponse à ce mouvement de protestation, Manuel Valls, qui fut maire d'Evry, une commune voisine de Viry-Châtillon, a annoncé mardi à l'Assemblée nationale que les voitures de police en zone sensible seraient équipées de dispositifs « anti-caillassage », « voire de blindages ».
Les tenues seront « intégralement ignifugées », a ajouté le Premier ministre, tandis que l'usage de caméras mobiles pour « visualiser à distance » une intervention « en temps réel » fera l'objet d'une « réflexion ».
Une hausse des attaques en 2016
Du côté des syndicats policiers, ces annonces laissent dubitatives. On aurait souhaité des annonces plus musclées, réagit Philippe Lavenu, secrétaire national du syndicat Alliance : « C'est une première mesure, mais ce n'est pas une fin en soir. Ce qu'on voudrait, ce n'est pas tant les moyens de protection contre les agressions, mais qu'on ne nous agresse plus. Et pour ça, ce n'est pas des films protecteurs, ce ne sont pas des casques, ce ne sont pas des tenues qui vont nous protéger. Il faut que le sentiment d'impunité cesse. C'est là-dessus qu'il faut des mesures fortes. Des mesures pénales. Il faut rétablir les peines plancher. Il faut que les gens qui ont des velléités contre la police se disent qu'ils risquent des peines de prison lourdes et que ça les dissuade de nous agresser. C'est donc un bon début, mais ce n'est pas ce que l'on attendait. »
Outre le retour des peines plancher, mesure emblématique de la mandature de Nicolas Sarkozy supprimée depuis, le syndicat Alliance réclame également un assouplissement pour les policiers des conditions de légitime défense.
Du côté de l'opposition, le député Les Républicains Benoist Apparu, rappelle que la France est « en sous-équipement chronique par rapport à l'ensemble des standards internationaux », et se félicite donc « qu'il y ait un plan en la matière » et « comprend et partage l'idée que demain on veuille des voitures blindées pour les forces de l'ordre qui interviennent dans ces quartiers à sécurité difficile ». Mais il veut « éviter que l'on retombe dans ce que nous avait proposé en son temps Ségolène Royal. Il fallait raccompagner les femmes policières par des policiers le soir chez eux. Il faut trouver l'équilibre entre ce qui va être de la poudre aux yeux pour ne pas dire du ridicule ».
Selon une étude officielle publiée mardi, 12 388 policiers ont été blessés en 2015, soit une baisse de 0,6% par rapport à 2014, mais la tendance est en forte hausse sur les six premiers mois de 2016.