Israël se recueille ce matin, rapportenotre correspondant à Jérusalem, Michel Paul. Le président Reuven Rivlin a affirmé qu'Elie Wiesel était un héros du peuple juif qui a incarné la détermination de l'esprit humain et la capacité de surmonter les forces du mal. Et de survivre contre toute attente.
Pour le Premier ministre Benyamin Netanyahu, Wiesel a contribué à la victoire de l'humanité face à la cruauté et au mal. La disparition du prix Nobel de la paix figure à la une des journaux de ce dimanche matin. La presse rappelle que la candidature au poste de président d'Israël avait été proposée à Elie Wiesel en 2007. Et qu'il avait rejeté cette offre. « L'homme qui était là-bas », barre la Une du quotidien conservateur Yediot Aharonot. Là-bas : à Auschwitz et à Buchenwald. Wiesel était « la conscience du monde », écrit l'éditorialiste. C'est « la disparition d'un géant », estime encore le quotidien.
Pour Haaretz, quotidien de gauche, c'est un des « architectes de la mémoire de la Shoah et un homme qui a lutté toute sa vie pour les droits de l'homme qui nous quitte ». « L'homme qui avait promis de ne jamais se taire », titre Israël Hayom. Pour Maariv, Elie Wiesel était un « monument vivant de la Shoah ». Un mot revient partout pour qualifier Wiesel : « le témoin ».
Une inlassable lutte contre l'oubli
Les hommages affluent également aux Etats-Unis. « Elie n'était pas seulement le plus célèbre survivant de la Shoah, il était un mémorial vivant », a déclaré le président américain Barack Obama. « Sa vie et la force de son exemple nous poussent à être meilleurs. » Pour le secrétaire d'Etat américain John Kerry, les mots d'Elie Wiesel « portaient le poids d'une expérience qui ne peut pas et ne doit pas être oubliée », l'expérience d'événements tragiques « que nous sommes tous appelés à prévenir de nos jours ».
Elie Wiesel était devenu une figure familière pour les Américains qui se souviendront de lui comme l'homme qui a échappé aux camps de la mort et aura passé sa vie à s'assurer - en témoin vivant justement - que le monde n'oublie jamais ceux qui ont eu moins de chance que lui.
Elie Wiesel était venu aux Etats-Unis en 1956 et avait adopté la nationalité américaine sept ans plus tard. En 1985, un an avant son Nobel de la paix, il avait reçu des mains du président Reagan l'une des plus hautes distinctions américaines : la médaille d'honneur du Congrès. Il lui avait alors demandé de ne jamais visiter un cimetière dans lequel un soldat SS était enterré.
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Il avait aussi ses entrées à la Maison Blanche. Mais les prix et les honneurs ne l'impressionnaient pas. C'était quand il enseignait dans des universités à New York ou Boston qu'il était le plus heureux. En dépit d'un quintuple pontage cardiaque et de la perte de sa fondation engloutie dans le scandale Madoff chez qui il avait investi, Elie Wiesel n'avait rien perdu de son dynamisme, poursuivant sans relâche sa mission de témoin de l'Holocauste, afin que le monde n'oublie pas les horreurs du nazisme. Il avait déclaré à la radio publique américaine : « Oublier les victimes, c'est les tuer une seconde fois. Je n'ai pas pu empêcher leur première mort, mais je suis certainement capable de les sauver de la seconde. »
Il y aura consacré toute sa vie, avec l'espoir que d'autres continueront ce devoir de mémoire après sa disparition.