Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
La décision de ce retrait a sans doute été prise il y a quelques jours, lors de la dernière réunion du Conseil national de sécurité. Mais Vladimir Poutine a choisi de l'annoncer le jour de la reprise des négociations inter-syriennes, ce qui lui permet de dire qu'il a rempli son objectif : imposer une solution politique, et non pas une solution militaire, à la crise en Syrie.
Le président russe a tiré la leçon de la guerre des années 1980 en Afghanistan, et n'a pas voulu risquer un enlisement de son armée en Syrie. Il a d'ailleurs refusé de se laisser entraîner par Bachar el-Assad dans une opération de reconquête de la totalité du territoire syrien. Cela aurait amené Moscou à une guerre longue, et lui aurait mis à dos les monarchies du Golfe.
L'armée russe a-t-elle encore quelque chose à prouver ?
Le retrait permet aussi, sans doute, d'éviter une intervention turque en Syrie. A Moscou, les analystes doutent que Vladimir Poutine ait pris cette décision sans en informer les Etats-Unis. Car l'un des principaux objectifs de cette intervention en Syrie était aussi la reprise du dialogue avec les grandes puissances, en particulier Washington.
L'aboutissement de cette stratégie, c'est le cessez-le-feu décidé en commun avec l'administration Obama, et la coordination des opérations militaires. Sur le plan militaire, en tout cas, Vladimir Poutine a fait la démonstration des capacités de son armée. C'est la première fois, depuis l'Afghanistan, qu'elle se projetait sur un terrain d'opération aussi éloigné de sa base.