Syrie: pourquoi Poutine a-t-il décidé de rappeler ses troupes au bercail?

Les soldats russes plient bagage. En Syrie, ils laisseront tout de même derrière eux leurs défenses antiaériennes « les plus modernes », a précisé le Kremlin ce mardi 15 mars 2016. Mais le désengagement militaire à proprement parler, annoncé par le président Vladimir Poutine lundi, a d'ores et déjà commencé. Comment le comprendre ?

Avec notre correspondante à Moscou,  Muriel Pomponne

La décision de ce retrait a sans doute été prise il y a quelques jours, lors de la dernière réunion du Conseil national de sécurité. Mais Vladimir Poutine a choisi de l'annoncer le jour de la reprise des négociations inter-syriennes, ce qui lui permet de dire qu'il a rempli son objectif : imposer une solution politique, et non pas une solution militaire, à la crise en Syrie.

Le président russe a tiré la leçon de la guerre des années 1980 en Afghanistan, et n'a pas voulu risquer un enlisement de son armée en Syrie. Il a d'ailleurs refusé de se laisser entraîner par Bachar el-Assad dans une opération de reconquête de la totalité du territoire syrien. Cela aurait amené Moscou à une guerre longue, et lui aurait mis à dos les monarchies du Golfe.

L'armée russe a-t-elle encore quelque chose à prouver ?

Le retrait permet aussi, sans doute, d'éviter une intervention turque en Syrie. A Moscou, les analystes doutent que Vladimir Poutine ait pris cette décision sans en informer les Etats-Unis. Car l'un des principaux objectifs de cette intervention en Syrie était aussi la reprise du dialogue avec les grandes puissances, en particulier Washington.

L'aboutissement de cette stratégie, c'est le cessez-le-feu décidé en commun avec l'administration Obama, et la coordination des opérations militaires. Sur le plan militaire, en tout cas, Vladimir Poutine a fait la démonstration des capacités de son armée. C'est la première fois, depuis l'Afghanistan, qu'elle se projetait sur un terrain d'opération aussi éloigné de sa base.

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