Cisjordanie: violents affrontements dans le camp de réfugiés de Qalandiya

De violents affrontements en Cisjordanie, dans la nuit du 29 février au 1er mars, ont fait un mort, un jeune Palestinien, et une vingtaine de blessés, dont la moitié du côté des forces israéliennes. Selon l’armée, deux soldats ont pénétré par erreur dans le camp de réfugiés de Qalandiya lorsqu’ils ont été pris à partie par la population. C’est lors d’une opération de sauvetage que les accrochages les plus durs ont eu lieu. Dans le camp de Qalandiya, qui se situe entre Jérusalem et Ramallah, les signes des violences de cette nuit sont encore là.

Avec notre envoyée spéciale à Qalandiya, Murielle Paradon

Dans les ruelles étroites et poussiéreuses du camp de Qalandiya, des pierres jonchent le sol, des meubles aussi. Ils ont été jetés des toits. Certains sont encore sur des fils électriques, en hauteur. On peut voir également des douilles de balles partout. « C’était comme la guerre », témoigne Ibn Ahmad, une habitante qui déblaie les gravats devant chez elle.

Tard lundi soir, 29 février, deux soldats israéliens ont pénétré dans le camp palestinien par erreur, selon l’armée ; une version que contestent des jeunes Palestiniens du camp, habitués aux incursions des soldats. « Ils voulaient nous provoquer », affirme Hussein Hasla, l’un de ces jeunes.

Les soldats ont été visés par des pierres et des cocktails Molotov, jetés par les jeunes Palestiniens. Leur véhicule étant en feu, ils ont été contraints de fuir à pied, en donnant l’alerte. L’armée a envoyé des renforts massifs, aidés par la police, pour les exfiltrer. Les affrontements ont alors redoublé d’intensité. Les forces israéliennes affirment que les Palestiniens ont utilisé des armes à feu, ce que plusieurs jeunes démentent. Les violences ont duré plusieurs heures.

Un étudiant de 22 ans tué d'une balle dans la tête

Un étudiant de 22 ans, Iyad Sajdia, qui se trouvait sur un toit, a été tué d’une balle dans la tête par les Israéliens. Selon son père Omar Sajdia, il étudiait le journalisme à l’université d’Abu Dis. « Il était certainement monté sur ce toit pour filmer les évènements [...]. C’était un enfant exemplaire, il n’était lié à aucun parti, il n’était pas armé », déplore-t-il, la voix étranglée par les sanglots.

Le camp de Qalandiya est souvent le théâtre de heurts très violents avec les Israéliens. Plus de 10 000 Palestiniens y vivent, des familles de réfugiés qui ont été contraintes de fuir leurs villages à la création d’Israël en 1948. Les conditions de vie y sont précaires. Le camp est aussi au pied du mur de séparation entre Ramallah et Jérusalem, près d’un check-point qui symbolise, pour beaucoup, l’occupation israélienne des territoires palestiniens.

Partager :