Avec AFP
Le coordonnateur général de l'opposition syrienne Riad Hijab a averti ce lundi que celle-ci ne pourrait pas engager de négociations avec le régime syrien tant que des « forces étrangères » bombardent la Syrie, évoquant un raid de l'aviation russe qui a frappé une école le jour même. « Comment pourrions-nous accepter de négocier alors que le peuple syrien est en train de mourir », a-t-il insisté, énumérant les « massacres commis tous les jours par l'Iran, par des milices confessionnelles, par des mercenaires afghans ou pakistanais. »
Riad Hijab a évoqué en particulier le « massacre » perpétré au nord-ouest d'Alep où, selon lui, « trois écoles ont été bombardées par les Russes » et « plus de 35 enfants ont été tués », tandis que des « dizaines » d'autres « sont encore sous les décombres » et que l'on compte « des dizaines de blessés ».
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a fait état pour sa part d'au moins 12 écoliers et trois adultes, dont une enseignante, tués dans ce raid contre une école d'une localité rebelle de la province d'Alep. « Des centaines de milliers de personnes ont pris le chemin de l'exil depuis le début des bombardements russes », a ajouté Riad Hijab.
M. Hijab était reçu à Paris en prélude aux négociations de paix censées s'ouvrir sous l'égide de l'ONU le 25 janvier à Genève entre le régime et l'opposition. L'objectif est de mettre en place une autorité de transition pour mettre fin à la guerre qui ravage le pays depuis près de cinq ans.
→ A (re)lire : Syrie : échec total des négociations de « Genève II », Brahimi « désolé »
De son côté, François Hollande a averti que « la volonté du régime de négocier serait jugée à l'aune de la cessation de ses bombardements aveugles et de sa politique visant à affamer des villes entières, en violation flagrante du droit international », selon un communiqué publié à l'issue de l'entretien.
Le président français a également « appelé à la mise en place de mesures humanitaires immédiates, en priorité dans les zones assiégées et notamment à Madaya, et en vue de construire les conditions d'un cessez-le-feu crédible ». François Hollande a aussi souligné « la nécessité (...) de la mise en place d'une transition politique en Syrie », réaffirmant que « Bachar el-Assad ne saurait jouer un rôle dans la Syrie de demain ».
Il s'est également « félicité de la pleine disposition de l'opposition syrienne à reprendre des négociations avec le régime syrien », en dépit des réserves exprimées lundi par son coordonnateur général. « Nous avons dit au président français que nous voulons négocier, mais nous voulons que le volet humanitaire soit séparé du volet politique », a prévenu Riyad Hijab.
Celui-ci refuse « que le volet humanitaire soit utilisé à la table de négociations comme un moyen de pression », alors que « la situation de la population syrienne est de plus en plus effroyable », en particulier « dans les villes encerclées ». Interrogé sur le refus du régime syrien d'admettre la présence de deux mouvements d'opposition à Genève, Riad Hijab a répliqué : « la composition de notre délégation est de notre responsabilité et nous refusons que des conditions soient posées ou une intervention de parties extérieures ».