De notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
Les raids lancés par l’aviation française contre le fief du groupe Etat islamique à Raqqa, sont rapportés sur un ton informatif par la plupart des journaux libanais. Le quotidien francophone L’Orient-Le Jour titre en Une : « La France poursuit son enquête et bombarde Raqqa ». L’article fournit les détails des raids aériens.
An Nahar, journal proche de la coalition anti-syrienne du 14-Mars, consacre également sa manchette principale à cet événement : « La France en état de guerre contre Daech : déploiement de l’armée à l’intérieur et raids contre Raqqa », écrit le journal. Al Hayat, quotidien panarabe à capitaux saoudiens édité au Liban, a choisi de mettre l’accent sur la coordination avec les Etats-Unis de la riposte française aux attentats du 13 novembre.
D’autres journaux sont, en revanche, plus critiques à l’égard de la riposte française globale aux attentats. As Safir, quotidien à grand tirage, épingle ce qu’il appelle le « discours jihadiste » du président Français Hollande, « les aventures syriennes » de la France, ainsi que l’abandon des banlieues françaises. Le titre en Une est assez évocateur :« Le gouffre du 11-Septembre français commence à l’Elysée ».
Pour l’éditorialiste d’Al Binaa, l’ancien député pro-syrien Nasser Kandil, les raids ne viendront pas à bout du groupe Etat islamique. Selon lui, il est temps que « les chefs d’Etat occidentaux écoutent leurs services de renseignement, et s’entendent avec le président Bachar el-Assad ».
■ Opération française avec coordination américaine
Dimanche soir, 12 avions français décollent de leur base des Emirats arabes unis et de Jordanie. Sur les douze appareils, dix sont des avions de chasse. Les deux autres sont un patrouilleur et un ravitailleur. Tous se rejoignent dans le ciel et mènent un engagement simultané.
L'opération de l’armée française a été menée en coordination avec les forces américaines. Mais à Paris, le ministère de la Défense le précise : à Raqqa, les objectifs ont été préalablement identifiés par la France. Deux cibles sont visées : un poste de commandement, utilisé par le groupe Etat islamique comme centre de recrutement et dépôt d’armes, et un camp d’entraînement jihadistes.Vint bombes sont larguées. Elles atteignent et détruisent leurs deux objectifs, précise toujours un communiqué de l’armée française.
Vu du sol, c’est l’Organisation syrienne des droits de l’Homme (OSDH) qui donne les détails de l’attaque. Cette ONG dispose d’un vaste réseau de militants à travers toute la Syrie. Certains sont basés à Raqqa. Ils l’affirment : dans la nuit, il y a eu plusieurs déflagrations. Certaines causées par des frappes aériennes, d’autres par des explosifs. La cité de Raqqa est secouée par des explosions, des raids au nord et au sud de la ville, raconte l’OSDH.