Cela fait des mois que la Turquie s'inquiète de la progression vers l'ouest des milices kurdes de Syrie. Et de fait, depuis la prise de Tal-Abyad en juin dernier, la branche armée du Parti de l'union démocratique (PYD) ne cache plus son intention de relier les différentes territoires sous son son contrôle. Pour Ankara, il s'agit là d'une ligne rouge à ne pas franchir, parce que le PYD, principal mouvement kurde de Syrie, est considéré comme une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) turc, et parce que la Turquie veut éviter à tout prix d'assister à la formation d'un Etat kurde autonome dans le nord de la Syrie.
En passant des paroles aux actes, et en bombardant les positions tenues par les Kurdes de Syrie, la Turquie adresse un message de fermeté au PYD bien sûr, mais aussi à ses alliés américains. Washington considère en effet les miliciens kurdes de Syrie comme un allié indispensable, sur le terrain, contre l'organisation Etat islamique. Un allié d'autant plus précieux que la Russie s'est mise à son tour à le courtiser ; de nombreux contacts ont eu lieu ces dernières semaines, entre Moscou et des représentants du PYD, ce qui n'a pas manqué, là encore, de provoquer la colère de la Turquie.