Avec notre correspondante à Jérusalem, Murielle Paradon
Des dizaines de jeunes, masqués par des keffieh palestiniens, lancent des pierres en direction de soldats israéliens, qui ripostent en tirant. La tension est extrême, les blessés fréquents, mais la détermination des jeunes ne faiblit pas. « Nous sommes là avec nos frères pour faire face aux Israéliens. On est là pour ça. Ils essaient de coloniser plusieurs quartiers, de s'étendre, mais on ne les laissera pas faire ! »
Les affrontements ont lieu au centre de Hébron, là où s'arrête la ville sous administration palestinienne, et où commence celle sous contrôle israélien, avec ses colons, protégées par l'armée.
« Le cœur de Hébron est sous contrôle militaire israélien. Les commerces palestiniens sont fermés sur ordre militaire, certaines rues interdites aux Palestiniens. Ils ne peuvent accéder à leur maison. C'est là qu'il y a les colons les plus fanatiques, sans compter les humiliations subies par les Palestiniens aux check-points », témoigne Issa Amro, coordinateur de l'organisation Les jeunes contre la colonisation. Hébron est depuis longtemps une poudrière. Le récent soulèvement de la jeunesse palestinienne ne pouvait que trouver un écho dans cette ville.
La grève comme « dernier recours » pour les Palestiniens
A part quelques voitures qui circulent, le reste de la ville de Hébron était quasi vide ce mercredi. Les commerçants ont fermé leurs portes. Ils font grève pour protester contre la mort de deux adolescents palestiniens, abattus par l'armée israélienne mardi soir. « Je fais grève aujourd'hui. C'est la moindre des choses pour protester contre tout ce que font les Israéliens, explique Redouane, propriétaire d'un garage. Ils tuent nos enfants. Bien sûr, chaque heure de grève nuit à notre économie, mais au final nous n'avons pas d'autre choix, nous les Palestiniens. C’est un peu notre dernier recours. »
Dans la rue principale de la ville, qui mène au centre historique de Hébron, seules les pharmacies sont ouvertes. Abdul est assis devant l'une d'entre elles. Lui ne cautionne pas la grève : « Si on veut faire de la résistance, il faut consolider notre économie, nos infrastructures, nos entreprises. Il faut qu'on soit fort pour faire face à l'occupation israélienne. Ce n'est pas en faisant grève qu'on y arrivera. »
Cette grève est surtout symbolique. Elle a pour objectif de soutenir les jeunes qui manifestent à quelques rues de là et qui affrontent les soldats israéliens.