Des missiles russes tirés sur la Syrie depuis la mer Caspienne

Moscou a annoncé l’intensification de ses frappes sur la Syrie, avec notamment l’entrée en action de navires de guerre stationnés en mer Caspienne. Une opération qui mêle frappes aériennes et tirs de missiles de croisière sur près de 1 500 km et qui est « synchronisée avec les actions de l’armée syrienne au sol », selon les autorités russes.

L’opération des forces armées russes en Syrie monte en puissance. Outre les frappes aériennes menées depuis une semaine, la marine russe est désormais impliquée dans l’opération. Aux bombardements aériens, viennent désormais s’adjoindre des missiles de croisière tirés depuis la mer Caspienne.

C’est dans une vidéo de propagande diffusée sur les grandes chaînes de télévision russes que le président Vladimir Poutine et son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, ont annoncé cette intensification des frappes, rapporte l’envoyée spéciale de RFI à Moscou, Muriel Pomponne.

Sur ces images, on voit Vladimir Poutine recevoir son ministre de la Défense. Celui-ci détaille au président russe les actions de l’aviation russe en Syrie, en s’appuyant sur une carte d’état-major déployée devant lui.

Message à l'Occident

Selon Sergueï Choïgou, les frappes russes ont touché 112 sites en une semaine. Et, pour la première fois, la Russie a utilisé sa marine dans l’opération en Syrie. « Ce matin [mercredi 7 octobre, NDLR], les navires de la mer Caspienne ont été sollicités. Quatre croiseurs ont effectué vingt-six tirs de missiles de croisière sur onze cibles. Toutes les cibles ont été détruites. Les civils n’ont pas été touchés. Les résultats des frappes confirment la haute efficacité des missiles de longue portée : presque 1 500 kilomètres. »

Dans cette vidéo destinée à la propagande intérieure et extérieure, le président russe ne manque pas de féliciter les pilotes et les marins. Il prend soin également de souligner la capacité de l’industrie de défense russe.

Une stratégie diplomatique autant que militaire

Selon Corentin Brustlein, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri), le choix de l'utilisation de missiles de croisières ne se justifie pas pour ce genre d'opération et est motivé par une volonté plus politique que militaire. « Moscou veut montrer que le fossé technologique entre l’occident et la Russie s’est réduit, analyse-t-il. Au-delà de ça, je pense qu’il faut aussi y voir la volonté russe de projeter une image de grande puissance. Une image de puissance capable d’intervenir à l’extérieur, de faire ingérence dans les conflits des autres, y compris de cette manière-là. Ça accompagne le discours de Poutine qui veut se présenter comme le porte-drapeau d’une alternative aux Etats-Unis et à l’occident. »

Vladimir Poutine confirme également en des termes clairs que l’aviation russe soutient une offensive militaire au sol menée par les troupes fidèles à Bachar el-Assad. « En ce qui concerne la suite, comme nous l’avons déjà évoqué, j’espère que le travail sera synchronisé avec les actions de l’armée syrienne au sol. Nos forces spatiales et aériennes vont soutenir efficacement les offensives de l’armée syrienne », déclare le président russe dans cette vidéo.

Offensive au sol de l'armée syrienne

Vladimir Poutine demande également à son ministre de la Défense de se coordonner avec les autres pays intervenants dans le ciel syrien, laissant entendre qu’un refus de leur part pourrait être la cause d’une absence de résultat.

Ces frappes menées en « synchronisation » avec l’armée syrienne permettent notamment aux troupes fidèles à Bachar el-Assad de concentrer leurs assauts terrestres sur le centre du pays, où ils affrontent les combattants de l’Armée de la conquête. Cette coalition, qui tient une partie de la province d’Idleb proche du bastion du régime de Lattaquié, regroupe des membres de différents groupes dont le Front al-Nosra, qui se revendique d’al-Qaïda.

Les Russes fournissent les appuis aériens couvrant la progression des blindés et des fantassins syriens, tandis que le renseignement vient directement des services secrets de Damas. Mais les choses pourraient se compliquer lors des premiers combats en ville, où les aéronefs ne donneront pas d’avantage décisif aux troupes de Bachar el-Assad.

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