Avec notre correspondant à Kaboul, Joël Bronner
« A 8 h du matin, on était en famille à la maison quand on a commencé à entendre des tirs. On s’est demandé : " Mais qu’est-ce qu’il se passe à Kunduz ? " Quand j’ai jeté un œil dehors, on a vu que les talibans étaient de retour après toutes ces années. Et qu’ils tuaient des innocents dans la rue. »
Venu de Kaboul pour rendre visite à la famille de sa femme, Shekib, un entrepreneur de 34 ans, était à Kunduz lorsque les talibans ont pris la ville d’assaut. L’attaque a démarré à l’aube. Quelques heures plus tard, les insurgés entraient dans Kunduz dont ils ont rapidement bloqué les accès.
Peu après midi, Shekib essaye donc de fuir la ville en proie aux tirs et aux pillages. Avec sa femme et ses trois enfants, ils s’entassent dans le premier véhicule qu’ils parviennent à partager. Et se retrouvent ainsi à seize, dans une seule petite voiture.
« J’étais avec ma famille, mes enfants, c’est pour ça que les talibans ne m’ont pas arrêté. Mais ils ont fait sortir deux ou trois autres jeunes hommes de la voiture, ils ont dit qu’ils voulaient leur parler. Ensuite, ils ont dit au chauffeur de partir. »
Plus chanceux que ces hommes, Shekib et sa famille ont ainsi pu fuir Kunduz assiégée. Quelques heures plus tard, le drapeau blanc taliban flottait fièrement sur la place centrale de la ville.