L'arsenal chimique syrien a été détruit sous surveillance internationale en 2013 et 2014. Pourtant, depuis, des témoins ont signalé de nouvelles attaques chimiques : des hélicoptères larguant des barils remplis d'une substance toxique, le chlore.
Ce produit industriel d'usage courant est très éloigné du gaz sarin ou d'autres substances dangereuses qui figuraient dans les arsenaux chimiques du régime de Damas, mais il est tout de même très nocif. « C’est un puissant suffocant des voies respiratoires supérieures », rappelle Olivier Lepick, chercheur et spécialiste des armes chimiques.
La mise en place d'un groupe d'experts
C'est pour identifier les auteurs de ces attaques au chlore que l'ONU va voter ce vendredi une résolution mettant en place un groupe d'experts. Parmi eux devraient figurer des membres de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), qui a supervisé ces dernières années la destruction des gaz toxiques de l'armée syrienne.
Ce sont les Etats-Unis qui ont soutenu ce projet d'enquête. Si le texte arrive ce vendredi à l'ONU, c'est que la Russie ne semble pas vouloir s'y opposer. Ce grand allié de Bachar el-Assad semble progressivement infléchir sa position.
« Produit usuel »
Le cas du chlore est problématique, dans la mesure où c'est un produit bien plus banal que les substances qui ont été détruites par l'OIAC à l'époque. Mais il n'en reste pas moins toxique, souligne Olivier Lepick. « Ça a été un des premiers agents utilisés pendant la Première guerre mondiale dans le cadre de la guerre chimique », rappelle ce chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique. Mais voilà, c'est également un produit « très répandu pour des applications légitimes, dans le domaine industriel notamment. »
C'est pour cette raison que cette substance ne « figure pas sur les listes de l’OIAC en tant qu’agent chimique militaire et il n’a donc pas été l’objet de l’exfiltration par l’OIAC des armes chimiques syriennes », analyse Olivier Lepick. Ce spécialiste des armes chimiques précise que que le chlore se trouve « très facilement ». « Il est utilisé dans de nombreux domaines. C’est un produit usuel qui peut effectivement être utilisé comme une arme chimique, en raison de sa toxicité ».