De notre correspondante à Riyad,
Avec un brin d’humour et de malice, on pourrait dire que les Saoudiennes ont un nouvel amant. Il se nomme « Uber ». Il faut savoir qu'en Arabie saoudite, aucune femme n’a le droit de conduire une voiture, même les étrangères. Alors, il faut parfois trouver des solutions, emprunter des « itinéraires bis ». C’est donc ce que font les femmes dans le royaume, en utilisant trois à quatre fois par jour les services de VTC (voiture de tourisme avec chauffeur).
Pléthore de services VTC
Si les Saoudiennes utilisent au quotidien ce nouveau mode de déplacement, c'est parce que l'utilisation de ces applications est simple, mais aussi parce qu'elles ont accès au nom et aux antécédents du chauffeur. Cela les rassure, cela change du chauffeur de taxi « traditionnel », qui n’est pas saoudien. Et si l’on ajoute l’aspect financier, le prix de base de la course à Riyad n’est pas onéreux, entre 9 et 12 riyals saoudiens (entre 1,8 et 2,5 euros).
Depuis deux ans, on assiste ainsi à une véritable prolifération des services de VTC dans le royaume saoudien. Les femmes ont désormais le choix entre Uber, Rocket (AG's Easy Taxi) ou encore Careem. Cette dernière société a d’ailleurs signé un contrat avec STC, la société nationale des télécommunications. Et les entreprises n’hésitent pas non plus à se spécialiser, pour offrir des services spécifiques aux femmes d’affaires par exemple.
Pénurie de conducteurs
Si les autorités saoudiennes acceptent facilement l’offre d’Uber et de ses concurrents, c’est parce qu'il s'agit à leurs yeux d'un moyen de lutter contre le chômage. Par ce nouveau mode de transports, le pouvoir veut en effet offrir du travail aux jeunes et remplacer à très court terme les chauffeurs immigrés. Les procédures d'expulsion commencées le 4 novembre 2013 se poursuivent d'ailleurs deux ans plus tard. A l'époque, des millions de travailleurs en situation irrégulière avaient été renvoyés dans leurs pays respectifs.
La plupart d'entre eux étaient des chauffeurs privés pour expatriés, ou pour des sociétés privées. Aujourd’hui il y a donc pénurie de conducteurs dans le royaume. Cela explique le succès des fournisseurs de VTC. Rappelons qu'avec 28 millions d’habitants et un taux de pénétration de smartphones de 74 %, l’Arabie saoudite est aujourd'hui l'un des marchés les plus importants au monde. Une aubaine pour les fournisseurs d'applications.