De notre correspondant au Caire,
Il est suivi par des dizaines de millions de téléspectateurs, de l’océan Indien à l’Atlantique. Le feuilleton raconte l’histoire des familles juives Haroun et Mizrahi mais aussi de familles chrétiennes et musulmanes vivant dans le quartier juif du Caire et commence avec la guerre de 1948 entre organisations juives et armées arabe qui débouchera sur la création de l’Etat d’Israël. Et comme tout feuilleton égyptien qui se respecte il y a une histoire d’amour et évidemment des méchants et des gentils. Tous les quarts d’heure de feuilleton, cinq minutes de pub, signe que l'audience est au rendez-vous.
« Provocateur »
Le feuilleton aborde une question épineuse dans le monde arabe, celles des juifs et Israël. Son côté « provocateur » est sans doute la première raison du succès : pour la première fois, on voit sur le petit écran des juifs à visage humain. Jusque-là, les juifs dans les feuilletons étaient des ennemis du prophète Mahomet, des espions, des bourreaux. On avait même eu droit à un feuilleton tiré des « Protocoles des sages de Sion », un faux forgé par les services secrets de la Russie tsariste montrant les juifs comme des conspirateurs machiavéliques voulant dominer le monde. Dans Quartier juif on voit pour la première fois des juifs patriotes égyptiens et même antisionistes.
Polémiques
Mais le feuilleton a provoqué de nombreuses polémiques tournant souvent autour de l’antisémitisme. Les milieux islamistes s’en prennent le plus violemment au feuilleton qui cherche selon eux à donner une image positive des juifs, donc d’Israël. Car le problème est là. Beaucoup d’Egyptiens font l’amalgame entre juifs et Israéliens. Un amalgame qui remonte à la création de l’Etat d’Israël et qui a été suivi de nombreux attentats prêtés aux Frères musulmans contre la communauté juive égyptienne. Et c’est cet amalgame que les producteurs du feuilleton disent vouloir combattre même s’il ne reste plus que quelques dizaines de juifs égyptiens contre des dizaines de milliers avant 1948.