Avec notre correspondante à Amman, Angélique Férat
Il y a un an, il racontait à longueur de journée comment Mossoul était tombé en quelques heures. Comment les commandants de la plus grande base militaire d'Irak étaient partis en laissant leurs hommes sans consignes. Aujourd'hui, depuis son exil doré, il se dit frustré. Le temps joue contre nous, dit-il. Il critique à l’envi le gouvernement de Bagdad qui au lieu de rebâtir une armée non sectaire, donne les mains libres à la mobilisation populaire et à ses miliciens chiites. Il critique un gouvernement qui ne propose rien aux sunnites pour leur redonner confiance.
Un an après, aucun travail politique n'a été fait selon lui : « Il y a deux millions d'habitants dans Mossoul. Personne, ni les milices chiites de la mobilisation populaire, ni qui que ce soit ne peut reprendre cette ville s’ils n'ont pas le soutien de la population, explique-t-il. On ne peut pas demander aux gens de se battre contre l’EI pour rien, juste pour mourir ; je pense qu’il faut un projet politique, et la promesse d'une autonomie pour les sunnites serait une bonne solution. »
Son discours ne plaît pas à Bagdad. Atil al-Nujaifi a été suspendu de ses fonctions début juin par le Parlement irakien. Il est accusé d'avoir des liens avec des groupes extrémistes sunnites et d’être corrompu. Le camp sunnite dénonce une tentative pour le faire taire.