Avec notre correspondant au Caire, François Hume-Ferkatadji
« Les policiers sont des voyous », chantent environ 200 femmes qui brandissent des portraits de Shaïmaa al-Sabbagh et accusent le ministère de l’Intérieur de l’avoir tuée. Heba, rose à la main, veut faire entendre sa voix : « J’ai vu la police tuer des gens avant, et je ne vais pas rester silencieuse face à ce qu’il se passe. Ces gens ont des familles, des gens qui les aiment, et c’est vraiment injuste d’être tué comme ça. Aucun policier n’est jamais arrêté ou accusé de quoi que ce soit, c’est une blague ! »
Une enquête est en cours, mais les autorités continuent de disculper la police, estimant que les vidéos diffusées à la suite du drame ont été fabriquées. Asma n’y croit pas : « Ça fait deux ans que je n’étais pas descendue manifester, mais ils nous poussent, ils font le pire pour que nous nous retrouvions une nouvelle fois dans la rue. »
Nawel a 20 ans, elle a tenu à se rendre au rassemblement contre l’avis de ses parents : « Il n’y a pas le moindre espace de liberté, ça n’existe pas… Ce président va partir comme les autres et finir en prison. »
Une poignée de militants pro-Sissi ont fait face aux femmes venues se recueillir, pour prendre la défense de la police. Après vingt minutes, la foule s’éparpille, les fleurs déposées sont ramassées et jetées à la poubelle par les policiers.
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