Journaliste et blogueuse, l'Israélienne Linda Menuhin-Abdulaziz est née en Irak, un pays qu'elle a fui en 1970. « Après la défaite des Arabes durant la Guerre des Six Jours, ils ont commencé à persécuter les Juifs d'Irak, explique-t-elle. Ils nous ont coupé le téléphone, il nous a été interdit d'aller à l'université. Nous ne trouvions plus de travail et les médias incitaient à la violence. Nous n'avions même pas le droit de quitter l'Irak, nous étions prisonniers. J'ai compris qu'il n'y avait pas d'espoir pour moi là-bas et j'ai décidé de m'enfuir avec mon frère contre la volonté de mon père. »
Un père qu'elle ne reverra jamais, mystérieusement enlevé en 1972 à Bagdad. Cet exode – souvent subi – des Juifs d'Orient vers Israël n'avait jamais été commémoré en Israël jusqu'à dimanche. Il était temps pour Linda Menuhin-Abdulaziz, dont l'histoire a fait l'objet d'un documentaire intitulé « Une ombre à Bagdad ».
« Je trouve que cela a été éclipsé dans l'histoire officielle israélienne, souligne-t-elle. On entend toujours parler de la Shoah, de l'Holocauste, mais assez peu de la tragédie des Juifs originaires des pays arabes. »
La commémoration en Israël du destin de ces communautés juives n'est pas toujours dénuée d'arrière-pensées politiques. Certains établissant un parallèle entre cet exil et celui des réfugiés palestiniens, chassés ou ayant fui leurs foyers à la naissance de l'Etat d'Israël.