Turquie: le président Erdogan critique l'«impertinence» des Etats-Unis

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a adressé de sèches critiques aux Etats-Unis au sujet de leur action en Syrie et en Irak contre l’organisation Etat islamique. Ces critiques font suite à une visite en Turquie du vice-président américain Joe Biden, qui avait demandé à Ankara de clarifier sa position vis-à-vis de la coalition internationale contre les jihadistes, dont elle fait officiellement partie, mais sans afficher jusque-là de véritable intention de collaborer.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Plus le temps passe, et moins le chef de l’Etat turc semble craindre de passer pour l’un de ces potentats dont les alliés se méfient en raison de leur attitude ambiguë, voire hostile. Le malaise d’Ankara vis-à-vis de l’intervention occidentale contre les jihadistes de l’organisation Etat Islamique en Irak et en Syrie n’est certes pas nouveau. Il est d’ailleurs explicable par de nombreuses raisons recevables. Mais l’insistance de Washington face à l’attentisme d’Ankara tend de plus en plus les relations entre les deux pays.

Début octobre, Recep Tayyip Erdogan avait déjà eu un jugement pour le moins tranché à l’égard du vice-président américain, qui avait estimé que la Turquie laissait passer des jihadistes par son territoire. « S’il a dit cela, il est fini pour moi », avait lâché le président turc.

Demandes « exagérées » et « impertinentes »

Le 22 novembre, les deux hommes se sont longuement entretenus, toujours sur la question du rôle de la Turquie dans la coalition. Mais malgré les propos optimistes de Joe Biden, il semble que Recep Tayyip Erdogan soit toujours loin de vouloir coopérer. Pour lui, les demandes des Américains – d’utiliser pour des bombardements la base aérienne d’Incirlik où ils sont stationnés – sont « exagérées » et relèvent de l’« impertinence ».

Le président turc en veut aux Etats-Unis de n’avoir pas réglé d’abord le sort de Bachar el-Assad, et de vouloir sauver aujourd’hui les Kurdes de Kobane. Il a également qualifié l’administration américaine d’« esprit supérieur » qui s’occupe de ce qui ne la regarde pas. Pas certain que cela plaise beaucoup de l’autre côté de l’Atlantique.

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