Il y a donc bien au moins un – peut-être deux – Français parmi les hommes qui exécutent 18 soldats syriens et un Américain dans la vidéo publiée par l’organisation de l’Etat islamique dimanche. L’un d’entre eux a été identifié avec certitude par les services français : il s’agit de Maxime Hauchard, connu sous le nom d’Abou Abdallah al-Faransi. L’autre serait un jeune converti également, âgé de 22 ans – mais pour l’instant, l’identification n’est pas encore formelle. Tous deux sont en tout cas recherchés par la justice française.
Ils ne sont pas des cas isolés. En France, ce sont aujourd’hui 1136 personnes qui sont parties en Syrie et en Irak, ou qui ont eu l’intention de le faire : une centaine de plus qu’il y a trois mois, 600 de plus qu’au début de l’année. Cela se traduit par une explosion des poursuites judiciaires : « On n’était pas habitués à des chiffres pareils, avance le procureur de Paris François Molins. Avec les autres formes de terrorisme international ou régional, le nombre d’enquête ou d’informations judiciaires ouvertes depuis un an a augmenté de 200%. »
Plan anti-jihad
Aujourd’hui, les enquêtes liées aux filières syro-irakiennes représentent la moitié de l’activité du pôle antiterroriste du parquet de Paris. La loi française ne permettait pas de répondre pleinement à cette nouvelle réalité. Mais pour François Molins, le plan anti-jihad du ministre de l’Intérieur publié au journal officiel vendredi devrait changer la donne : « On pourra mieux travailler, puisqu’on va disposer désormais de l’"entreprise individuelle terroriste" et de l’"apologie du terrorisme", détachée de la loi sur la presse – ce qui veut dire qu’on pourra poursuivre dans le cadre des articles du code pénal sur le terrorisme. »
Encore faut-il mettre la main sur les personnes recherchées. Dans la ville syrienne de Raqqa, Maxime Hauchard et son possible compagnon d’armes n’ont pour le moment pas grand-chose à craindre de la justice française.