Le président turc Recep Tayyip Erdogan était encore récemment hostile à la participation de son pays à cette coalition contre l’organisation État islamique. Il ne s'y est résolu que sous la pression des événements. A priori, Ankara devrait donc se contenter d'ouvrir son espace aérien aux avions de la coalition qui pourra sans doute également utiliser les bases situées dans le pays avant d'aller frapper les positions jihadistes.
Ambiguités de la position turque
Il y a peu de chance que la Turquie aille plus loin, et engage directement ses forces armées dans la bataille. Car les réticences du gouvernement et du président Erdogan à frapper le territoire syrien sans toucher au régime de Bachar el-Assad et à porter secours aux Kurdes de Syrie, considérés comme les frères d'armes du PKK turc, restent très fortes. Comme l’a martelé le président Erdogan hier, la Turquie montre plus de réserve à l’égard de cette intervention contre l’Etat islamique que de gages de son engagement plein et entier, précise notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion. Aussi a-t-il rappelé qu’il était contre des solutions temporaires, comme de larguer des tonnes de bombes, a-t-il dit, et que la priorité d’Ankara restait de renverser le régime de Bachar el-Assad.
La Turquie insiste pour la mise en place d’une zone tampon, une zone de sécurité qui permettrait de prévenir l’arrivée de nouveaux réfugiés et qui protègerait aussi les frontières contre – comme l’a souligné Monsieur Erdogan – toutes les organisations terroristes parmi lesquelles il met en avant les Kurdes victimes aujourd’hui de l’organisation de l'Etat islamique. Il y a beaucoup d’ambiguités dans cette posture, ce qui n’augure pas d’une parfaite collaboration de la Turquie avec la coalition.
À l'issue du vote, les autorités auront de toute façon toute latitude pour décider jusqu'où elles s'engageront. Le porte-parole du gouvernement a lui-même reconnu que le texte soumis ce jeudi aux députés constitue un mandat très large, qui permet d'inclure toutes les options, y compris donc celle d'en faire le moins possible.