« Beaucoup de Bahreiniens qui ont rejoint le terrorisme et l’Etat islamique viennent des institutions sécuritaires. Elles ont été leur premier incubateur idéologique ». Ce sont ces quelques mots sur le compte Twitter de Nabeel Rajab (@NABEELRAJAB) qui ont provoqué la colère des autorités du Royaume. Le célèbre défenseur des droits de l’homme a été arrêté mercredi 1er octobre et sera maintenu en garde à vue pour une semaine, selon une source judiciaire locale.
Nabeel Rajab est sorti de prison en mai dernier, après avoir passé deux ans derrière les barreaux pour avoir participé à des manifestations non autorisées. En juin, il était de passage à Paris où RFI avait pu le rencontrer.
Un contexte politique tendu
L’arrestation de Nabeel Rajab survient dans un contexte particulier. Bahrein est l’un des cinq pays arabes à avoir officiellement participé à des frappes aériennes contre les jihadistes de l' organisation Etat islamique. D’autre part, la date des élections législatives dans le Royaume a été récemment annoncée. Le scrutin aura lieu le 22 novembre et cette perspective pourrait raviver les tensions dans ce pays arabe du Golfe dont la population est majoritairement chiite mais qui est dirigé par une dynastie sunnite.
En février 2011, Bahrein avait connu son « printemps arabe », avec des manifestations exigeant la mise en place d’une monarchie constitutionnelle. Nabeel Rajab fut l’une des figures de ce mouvement, rapidement réprimé. Les dirigeants de Bahrein reçurent alors l’appui de l’Arabie Saoudite dont les troupes n’eurent qu’à emprunter le pont qui relie les deux royaumes pour mettre fin à la contestation.