Hollande célèbre la «dimension nouvelle» des relations France-Irak

François Hollande est en Irak : le président français est arrivé à Bagdad ce vendredi matin accompagné de ses ministres des Affaires étrangères et de la Défense, Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian. Il a promis le « soutien de la France au nouveau gouvernement » irakien.  

Un gouvernement où « toutes les familles politiques sont présentes », chiites, sunnites et kurdes, s'est félicité François Hollande, parlant de « transition démocratique réussie » pour l'Irak. Sa visite est la première d'un chef d'Etat étranger depuis le 9 juin et le début de l'offensive dans le pays des jihadistes de l'Etat islamique. Elle intervient moins de deux jours après le discours de Barack Obama, qui a annoncé qu'il étendait l'intervention américaine en Irak et qu'il était prêt à intervenir en Syrie pour détruire le mouvement EI.

Dans la foulée, la France annonçait qu'elle participerait si nécessaire à une action militaire aérienne en Irak. Ce vendredi matin, lors de sa rencontre avec le président irakien Fouad Massoum, François Hollande a rappelé qu'une conférence internationale pour « la paix et la sécurité » se tenait dans deux jours à Paris, pour « coordonner les soutiens et les actions pour l'unité de l'Irak » et contre l'Etat islamique. Fouad Massoum a a lors souligné « l'importance de cette conférence » pour le peuple irakien.

Onze ans après le refus de la France de suivre Washington et Londres dans leur guerre contre Sadam Hussein, François Hollande a indiqué ce vendredi qu'il voulait que « les relations entre l'Irak et la France prennent une dimension nouvelle » soulignant que la solidarité de la France était sécuritaire mais aussi humanitaire : après son entretien avec le Premier ministre irakien, le président français doit se rendre dans l'après-midi à Erbil, dans le nord, pour livrer 15 tonnes d'aide humanitaire et visiter un camp de déplacés.

La grande coalition, une « décision absurde »

Le déplacement du président Hollande en Irak et son soutien à la coalition internationale voulue par Barack Obama font l'objet de réactions diverses dans la classe politique française et les avis divergent même au sein de mêmes familles politiques. Valérie Pécresse, pour l'UMP, exprimait son soutien à ce déplacement ce matin sur les antennes de RFI. Mais s'il en est un qui s'en démarque vivement, c'est Dominique de Villepin, ancien Premier ministre de Jacques Chirac et chef de file de l'opposition française à l'intervention française en Irak en 2003.

« Que le président de la République aille en Irak dans une période de crise, pourquoi pas ? s'interrogeait Dominique de Villepin sur RMC ce vendredi matin. Mais là n’est pas l’essentiel. L’essentiel c’est la formation par le président Obama d’une grande coalition pour engager la troisième guerre d’Irak. C’est une décision, je pèse mes mots, absurde et dangereuse ! »

Et l'ancien Premier ministre de tirer les « leçons de l’expérience ». « Pourquoi ? Parce qu’il serait temps que les pays occidentaux, l’Europe, les Etats-Unis, tirent les leçons de l’expérience : depuis l’Afghanistan, cela fait treize ans, nous avons multiplié les interventions militaires – Afghanistan, Irak, Libye, Mali – pour quel résultat ? Il y avait en 2001 Un foyer de crise terroriste central ; aujourd’hui il y en a près d’une quinzaine. C’est dire que nous les avons multipliés. Je dis bien, nous les avons multipliés. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui l’Etat islamique, Daech, comme l’appellent les Anglosaxons, c’est l’enfant monstrueux de l’inconstance et de l’arrogance de l’inconstance occidentale ».

à (re)lire: Les deux messages de François Hollande en Irak

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