Au Caire, le Hamas n’est pas seul pour négocier une sortie de crise : outre le mouvement islamiste, la délégation palestinienne compte en effet dans ses rangs des représentants de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas ainsi que du Jihad islamique.
Les demandes palestiniennes : levée du blocus
Les Palestiniens demandent en priorité la levée du blocus de la bande de Gaza, un territoire où 1,8 million de personnes ne disposent que de deux points de passage pour entrer ou sortir. L’un est côté israélien, l’autre côté égyptien, et les deux pays limitent - et souvent empêchent - le passage des Palestiniens.
Le blocus de Gaza, ce sont aussi les pénuries en électricité, en carburant et en biens de consommation : le flux est limité côté israélien mais aussi côté égyptien, puisque le Caire a détruit la plupart des tunnels de contrebande qui permettaient aux Palestiniens de s'approvisionner.
Pour parvenir à une trêve durable, les Palestiniens demandent aussi l’élargissement de la zone accessible aux pêcheurs de Gaza et la liberté d’accès à la « zone tampon » imposée par Israël en lisière de l’enclave palestinienne. Deux demandes qui figuraient déjà dans l’accord de sortie de conflit de novembre 2012, après l’opération israélienne « Pilier de défense » mais dont la mise en œuvre fut de courte durée.
Autre revendication palestinienne : des libérations de prisonniers détenus en Israël. Notamment le groupe d’une vingtaine de condamnés à de lourdes peines, que l’Etat hébreu s’était engagé à relâcher au printemps dernier et qui se trouvent toujours derrière les barreaux.
Enfin, la délégation palestinienne demande le lancement immédiat de la reconstruction de la bande de Gaza, qui a subi de lourdes destructions pendant le conflit.
Démilitariser la Bande de Gaza ?
En face, la position israélienne tient en quelques mots : l'Etat hébreu demande la démilitarisation de la bande de Gaza pour voir s'éloigner la menace des tirs de roquettes. Les positions des deux parties semblent donc difficilement conciliables : pourquoi les groupes armés palestiniens renonceraient-ils à leur arsenal qu'ils considèrent comme le seul levier pour faire avancer leurs revendications ? Et pourquoi Israël et l'Egypte allègeraient leur blocus de Gaza, si cela permet au Hamas et aux autres organisations de se réarmer et de construire de nouveaux tunnels servant à mener des attaques ?
Autre écueil : la position du médiateur égyptien. Les Frères musulmans et leurs cousins palestiniens du Hamas sont honnis du nouveau pouvoir du Caire. Dans ces conditions, l’Egypte du président al-Sissi peut-elle jouer un rôle de facilitateur entre les deux camps ? Et acceptera-t-elle d’ouvrir le point de passage de Rafah entre la bande de Gaza et le Sinaï égyptien, alors que Le Caire n’a de cesse de dénoncer l’action déstabilisante du Hamas dans la région ?
Les négociations qui commencent dans la capitale égyptienne seront donc extrêmement délicates, avec le risque qu’elles ne débouchent sur rien d’autre qu’une accalmie avant une prochaine guerre.