Irak: tractations pour un nouveau gouvernement, Maliki sur la sellette?

En Irak, le Parlement doit se réunir ce mardi 1er juillet pour tenter d’aboutir à la formation d’un nouveau gouvernement. Depuis les élections d’avril, le Premier ministre Nouri al-Maliki ne parvient pas à former de majorité et avec l’avancée des rebelles dans le Nord, il pourrait être écarté au profit d’un autre candidat chiite.

Avec nos envoyés spéciaux à Bagdad, Boris Vichith  et  Daniel Vallot

Il nous reçoit dans son bureau – à l’intérieur d’une villa placée sous haute protection. Hamed al-Mutlak est un homme en colère. Ce député sunnite, membre de la commission de Défense du Parlement, estime que Nouri al-Maliki est le premier responsable de la crise traversée par le pays : « Les méthodes de Maliki, sa conception autoritaire du pouvoir, nous ont entrainés dans la crise actuelle. S’il reste Premier ministre, la situation ne va qu’empirer ! Il doit donc partir parce qu’il a échoué ! »

Avec l’offensive jihadiste dans le nord du pays, Nouri al-Maliki a perdu une grande part de son crédit politique mais ses partisans espèrent malgré tout qu’il sera reconduit à son poste. Mohammed al-Aqeeli, du parti Dawa, le parti d’al-Maliki : « Maliki a l’expérience nécessaire pour diriger le pays, et pour faire face à la situation. C’est un homme à poigne, qui ne fait qu’appliquer la loi et qui refuse toute idée de fédéralisation parce que ce n’est pas le bon moment. »

Le risque : galvaniser les rebelles sunnites dans le nord

De son côté, le chef du gouvernement pointe un argument de taille : son parti est arrivé en tête des élections législatives. Sauf qu'il ne dispose pas d’assez de députés pour former un gouvernement. Alors, Nourri al-Maliki pourrait décider lui-même de renoncer au pouvoir, et laisser la place à un membre de la coalition chiite dont fait partie sa formation politique. Mais il pourrait aussi gagner du temps, car en cas de blocage, c’est lui qui reste en fonctions. Une crainte que partagent beaucoup de ces adversaires : le voir s’accrocher à son poste au risque d’aggraver encore la crise.

Pour les partisans de Nouri al-Maliki, il serait trop dangereux de changer de Premier ministre alors que le pays traverse, précisément, la crise la plus grave de son histoire depuis la chute de Saddam Hussein. Mais ses adversaires estiment à l’inverse qu’un maintien du statu quo serait suicidaire et n’aurait pour effet que de galvaniser la rébellion sunnite dans le nord du pays.

Des semaines de discussion en perspective

Il faudra, en tout cas, que les deux tiers des députés soient présents pour que la session puisse se tenir ce mardi. Pas gagné ; de nombreux députés sunnites ont menacé de ne pas se rendre au Parlement. Il faudra ensuite qu’un accord soit trouvé entre les partis, pour désigner à la fois un Premier ministre, mais aussi un président de la République et un président du Parlement. Or, les partis politiques irakiens sont très nombreux, très divisés, et la répartition des postes doit faire l’objet d’un dosage extrêmement compliqué.

De manière officieuse, le poste de Premier ministre revient aux chiites. Celui de président, aux Kurdes. Et celui de président du Parlement, aux sunnites. En 2010, il avait fallu dix mois aux Irakiens pour se mettre d’accord. Mais aujourd’hui, la situation est bien différente : la guerre fait rage à une centaine de kilomètres de Bagdad. Il y a donc urgence, il faut trouver un compromis et permettre aux institutions de fonctionner normalement, avec la légitimité donnée par les élections d'avril.

Il va falloir sans doute des semaines avant que les discussions n'aboutissent à l’issue de cette première réunion du Parlement.

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