Avec notre correspondant au Caire, François Hume-Ferkatadji
Assailli par les photographes, le visage amaigri, Abdullah Elshamy sort du poste de police de Nasr City. Après plus de sept heures d’attente, ses proches peuvent enfin l’embrasser. Porté sur les épaules d’un camarade, le reporter d’al-Jazira exulte
« J'ai gagné, et tous ceux qui luttent pour la liberté - comme les journalistes qui font leur travail avec honnêteté - ont gagné, s'est-il exclamé. Cette expérience a changé ma vie, je ne serais plus jamais la même personne, je suis maintenant encore plus déterminé qu'avant pour défendre cette cause, pas seulement pour moi mais pour tous ceux qui veulent exercer leur métier librement.»
Un long combat contre la justice
Abdullah Elshamy, victorieux de son long combat contre la justice. Il y a un mois il avait menacé les autorités en diffusant une vidéo depuis sa cellule. « Si quoi que ce soit devait m’arriver, le régime égyptien sera tenu responsable » disait-il. Pour son frère Mosaab, son courage a payé : « il a toujours répété que perde sa vie ne lui posait pas problème, qu'il n'était pas en grève de la faim pour améliorer ses conditions de détention ou pour obtenir sa propre libération, mais pour défendre la liberté des médias »
16 journalistes et plusieurs dizaines de milliers de prisonniers politiques sont toujours détenus en Egypte. Lundi prochain, la justice égyptienne rendra une décision très attendue dans le procès de trois autres journalistes d'al-Jazira. Entre 15 et 25 ans de prison ont été requis contre eux.
→ À RELIRE : Egypte: ouverture du procès des 20 journalistes étrangers