Avec nos envoyés spéciaux à Bethléem, Geneviève Delrue, Murielle Paradon et Antoine-Marie Izoard
Le pape François a célébré ce dimanche matin une messe devant une foule de milliers de fidèles, dans une ferveur impressionnante, et sous un soleil de plomb sur la place de la Mangeoire, au coeur de la ville.
Arrivé directement en hélicoptère de Jordanie, sans passer au préalable par Israël - c’est tout un symbole ici -, il a été accueilli un peu plus tôt sur les hauteurs de Bethléem par le président palestinien, Mahmoud Abbas. Le pape François n’a pas hésité à embrasser le président palestinien. Une accolade qui en dit long.
Le pape plaide pour le « droit de deux Etats à exister »
Mais dans son discours, le pape n’a pas, non plus, caché qu’il venait témoigner de sa proximité « avec ceux qui souffrent le plus de la situation dans la région ». Le pape a demandé aux responsables politiques, aussi bien palestiniens qu’israéliens, de faire preuve de « courage » pour mettre un terme au conflit qui entraîne depuis des décennies insécurité, isolement et exode. Il a plaidé pour que « redoublent les efforts et les initiatives destinés à créer les conditions d'une paix stable, basée sur la justice, sur la reconnaissance des droits de chacun et sur la sécurité réciproque » et affirmé que « le courage de la paix s'appuie sur la reconnaissance de la part de tous du droit de deux Etats à exister et jouir de la paix et de la sécurité dans des frontières internationalement reconnues. »
Face au mur de séparation
Depuis Bethléem et avant d’entrer en Israël, il a exhorté chacun à « stopper les initiatives qui contredisent la volonté déclarée de paix ». Des propos qui résonnent de manière toute particulière, alors que la colonisation israélienne se poursuit. En sortant du palais présidentiel, le pape a créé la surprise : il s’est arrêté le long du mur de séparation avec l’Etat hébreu, est descendu de sa « papamobile » pour se recueillir quelques instants près d’un mirador, à quelques mètres d’un graffiti sur lequel on pouvait lire « Liberté pour la Palestine ». « On en a ras le-bol de cette situation », lui a glissé un Palestinien. Amer, un séminariste en soutane noire, a également assisté à la messe. Il a pu voir, sur écran géant, le passage du Pape devant le mur de séparation entre la Cisjordanie et Israël. « C’était un message très fort du Pape d’aller au mur. Il a pu sentir les souffrances des Palestiniens », juge le séminariste, interroigé à la fin de la messe donnée par le pape François à Betlhéen. « Le mur fait partie de notre vie, au quotidien. C’était intéressant de voir qu’il a touché ce mur, qu’il a prié pour qu’il disparaisse, et c’est aussi ce que je souhaite. »
Mahmoud Abbas et Shimon Peres invités au Vatican, ensemble
Le pape François a aussi créé une deuxième surprise en invitant les présidents palestinien et israélien, Mahmoud Abbas et Shimon Peres à une « rencontre de prière » pour la paix. C'était lors de la messe dont l'homélie a été largement consacrée aux droits des enfants, les enfants qui « trop nombreux qui continuent à vivre dans des situations inhumaines, aux marges de la société ».
Le pape a déjeuné avec des familles palestiniennes avant de rencontrer des enfants du camp de réfugiés de Dheisheh, auxquels il a déclaré: « La violence ne se vainc pas par la violence mais par la paix ». Il s'est rendu à la basilique de la Nativité.
Rencontre historique à Jérusalém entre le pape et le patriarche orthodoxe
En fin de journée, le pape François a rencontré le patriarche orthodoxe de Constantinople Bartholomée à la basilique du Saint-Sépulcre à Jérusalem. Une rencontre oecuménique historique en faveur de l'unité des chrétiens. Une déclaration commune a été signée appelant à progresser dans le rapprochement entre leurs Eglises, près de dix siècles après le grand schisme qui les a séparées.