529 Frères musulmans condamnés à mort en Egypte

Verdict express de la justice égyptienne dans le procès de centaines d'islamistes, membres des Frères musulmans, partisans du président déchu Mohamed Morsi. le procès s'était ouvert samedi. Et ce lundi 24 mars, ils ont été condamnés à mort, accusés de violences l'été 2013 au sud du Caire. Ils seraient donc 529, selon leurs avocats, à être condamnés à mort.

Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti

C'est un jugement sans précédent dans les annales de la justice égyptienne, tant du fait du nombre de condamnés à mort que de la vitesse du procès. Le tribunal de Minya, ville de Moyenne-Egypte, a en effet condamné à mort 529 membres des Frères musulmans, pour divers chefs d'accusation, dont celui de « meurtres ». Le procès avait commencé samedi et a été bouclé en deux séances seulement. Les faits reprochés sont le meurtre d'un officier de police, la tentative de meurtre contre deux autres et des agressions contre des édifices publics et privés dont des sièges gouvernementaux et des églises. Une fois la peine de mort confirmée après consultation du grand mufti, il y aura un appel automatique et un nouveau procès. Les condamnés disposent d'un dernier recours devant la Cour de cassation.

153 détenus

Seuls 153 des condamnés sont actuellement détenus. Les autres sont en fuite et 17 accusés ont été acquittés. Au total, plus de 1 200 personnes sont jugées pour des violences survenues à Minya à 250 kilomètres au sud du Caire, en août dernier. Minya avait été le théâtre de nombreuses violences contre les forces de sécurité et la minorité chrétienne copte. Mardi, 683 autres personnes sont citées à comparaître, dont plusieurs
cadres des Frères musulmans. Là aussi, la majorité des accusés sera absente du procès.

« Groupes terroristes »

De nombreux procès d'islamistes se sont ouverts depuis la destitution, le 3 juillet, de Mohamed Morsi, seul chef d'Etat jamais élu démocratiquement en Egypte. Et c'est la première fois qu'autant de personnes sont jugées en même temps. En décembre dernier, la confrérie des Frères musulmans avait été classée parmi les « groupes terroristes » par les autorités égyptiennes.


Les Frères Musulmans, visés par une répression systématique

Selon une estimation d'Amnesty International, 1400 partisans du président Mohamed Morsi ont été tués dans les violences qui ont suivi la destitution de ce dernier. Des milliers d'autres sont derrière les barreaux, à commencer par l'ex-président islamiste ainsi que la quasi-totalité des dirigeants Frères musulmans. Et depuis des mois, l'Egypte vit au rythme des procès de ces opposants, jugés pour meurtre ou pour espionnage. La confrérie est par ailleurs visée en tant que telle puisque depuis décembre dernier elle est considérée comme une organisation terroriste.

Sont également en procès ces jours-ci des journalistes de la chaîne de télévision du Qatar al-Jazira, parmi lesquels des Egyptiens et des ressortissants étrangers. Accusée pour les uns d'appartenance à une organisation terroriste, pour les autres de diffusion de fausses nouvelles, la télévision al-Jazira est considérée par le nouveau pouvoir égyptien comme étant l'instrument du Qatar, principal soutien des Frères musulmans dans la région. C'est dans ce contexte que l'Egypte attend la date de l'élection présidentielle et la déclaration de candidature du maréchal al-Sissi. Pour de nombreux spécialistes, sa victoire semble d'ores et déjà acquise, sa popularité reposant notamment sur sa fermeté dans la lutte contre les islamistes.

 

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