C'est une lueur d'espoir pour les habitants de Homs assiégés depuis des mois, mais aussi le signe que les efforts déployés à Genève par l’ONU et par Lakhdar Brahimi, le médiateur des Nations unies pour la Syrie, n’ont pas été vains. L’accord conclu entre le régime syrien et les Nations unies prévoit l’évacuation de plusieurs centaines de civils et « l’entrée d’une aide humanitaire pour ceux qui ont choisi de rester », selon l’agence de presse syrienne Sana. L’accord, qui devrait entrer en vigueur dès ce vendredi 7 février selon les Etats-Unis, devrait conforter la stratégie des parrains de Genève 2 : parvenir aussi tôt que possible à des gestes concrets du régime syrien sur le front humanitaire, afin d’établir les bases d’un dialogue durable avec l’opposition.
Pour Romain Nadal, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, « le simple fait que la conférence de Genève se soit tenue et qu’elle se poursuive est pour nous, déjà, une satisfaction. Certes, nous n’avons pas encore abouti à l’objectif final, qui est celui d’une autorité de transition, reconnaît le porte-parole du Quai d’Orsay, mais le processus est engagé. »
Manœuvres dilatoires
Fort de ce premier résultat, les parrains de Genève 2 espèrent engranger de nouveaux
succès dès la reprise des pourparlers, prévue le 10 février, auxquels le régime a confirmé sa participation ce vendredi. Pour l’opposition syrienne, cependant, l’essentiel est loin d’être acquis : les bombardements meurtriers se poursuivent sur la ville d’Alep, et le régime ne semble pas prêt à desserrer l’étau autour des positions rebelles situées dans la région de Damas. Genève 2 ne serait donc, pour Damas, qu’un moyen de gagner du temps afin de marquer des points sur le front militaire.
« Lors de la première semaine de négociations, on a passé une trentaine d'heures dans la même salle, raconte Abdelahad Astepho, membre de la délégation de l’opposition syrienne à Genève 2. Or, à titre personnel, je n’ai jamais senti que les représentants du régime soient vraiment venus pour construire quelque chose de positif, ou pour vraiment trouver une solution. »
Des négociations longues et difficiles
L’opposition syrienne craint également de voir le régime refuser le dialogue sur son principal cheval de bataille, à savoir l’établissement d’une autorité de transition qui écarterait du pouvoir, de facto, Bachar el-Assad. Mais, pour de nombreux observateurs, cet objectif semble de toute façon hors d’atteinte, en tout cas sur le court terme.
« Il faut d’abord essayer d’abaisser le niveau d’intensité du conflit, estime ainsi l’analyste syrien Samir al-Taqi, directeur du Centre de recherches orientales, basé à Dubaï. A mes yeux, la bonne méthode consiste à procéder par étapes : trouver un accord sur les types d’armes utilisées, tracer des lignes de démarcation dans les régions où les civils sont affectés. Cela permettra en outre à l’opposition syrienne d’avoir beaucoup plus de crédibilité auprès des gens qui se trouvent à l’intérieur du pays. » Selon Samir al-Taqi, le processus qui s'est ouvert à Genève 2 sera de toute façon laborieux, et pourrait durer des mois, voire même des années.