Des milliers d’Irakiennes «détenues, torturées, violées»

Dans un rapport, Human Rights Watch dénonce la détention illégale de femmes irakiennes et les mauvais traitements dont elles sont victimes. L’organisation de défense des droits humains, qui a pu s’entretenir avec vingt-sept d’entre elles, dénonce l’attitude des forces de sécurité irakiennes ainsi que le système judiciaire du pays.

« Une des ces femmes est arrivée en s’aidant de béquilles […] Elle a affirmé que neuf jours de passage à tabac, d’électrochocs et de falaqa [coups portés sur la plante des pieds] l’avaient rendue définitivement infirme. Human Rights Watch a pu constater qu’elle avait le nez éclaté, des cicatrices sur le dos et des traces de brûlures sur un sein ». La femme irakienne mentionnée dans cet extrait du dernier rapport de Human Rights Watch était condamnée à mort. Elle a été exécutée en septembre 2013, sept mois après son entretien avec l’organisation de défense des droits de l’homme.

Violences sexuelles et menaces

Personne n’est à l’abri : femmes maltraitées par le système judiciaire irakien, c’est le titre du rapport publié ce jeudi 6 février par Human Rights Watch et qui met en cause les forces de sécurité irakiennes ainsi que le système judiciaire du pays.

Jointe par RFI, Tamara Al Rifaï, de Human Rights Watch, cite les mauvais traitements dont sont victimes les détenues irakiennes : « Torture, violences sexuelles mais aussi menace de violences sexuelles. Le tout aboutissant souvent à des aveux forcés, extorqués. »

Selon le rapport, la plupart des arrestations illégales et des mauvais traitement visent à faire pression sur les proches des femmes concernées.

Majorité de femmes sunnites

Human Rights Watch recense plus de 4 200 femmes actuellement détenues dans des installations dépendant des ministères de l’Intérieur et de la Défense. Une grande majorité d’entre elles sont des sunnites. « Mais nous avons interrogé des femmes de toutes les confessions irakiennes », précise Tamara Al Rifaï. Le comportement des forces de sécurité irakiennes est régulièrement critiqué alors que les violences sont quotidiennes dans le pays et surtout dans la province sunnite d’Al Anbar. La minorité sunnite irakienne dénonce la mise à l’écart dont elle est victime de la part du gouvernement chiite de Nouri al-Maliki.

En janvier 2013, le Premier ministre al-Maliki avait promis de réformer le système pénal en commençant par libérer un certain nombre de femmes détenues. « Mais un an plus tard, les méthodes brutales des forces de sécurité demeurent essentiellement inchangées et des centaines de femmes sont toujours détenues illégalement », regrette Human Rights Watch.

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