Syrie: casse-tête diplomatique sur la venue de l'Iran à Genève 2

Finalement la conférence de paix sur la Syrie se fera sans l'Iran. La séance inaugurale doit débuter demain à Montreux en Suisse, avant des débats et des rencontres bilatérales à Genève jeudi et vendredi. Un jeu diplomatique dont Téhéran, d'abord invitée par l'ONU, a finalement été exclue faute d'accepter les conditions préalables pour une participation à la conférence sur la transition politique en Syrie. Une absence qui menace le bon déroulement de Genève 2.

« Tout le monde sait que sans l’Iran, les chances de parvenir à une vrai solution en Syrie ne sont pas si grandes » déclarait le vice-ministre iranien des Affaires étrangères ce matin. De fait l’Iran a des combattants sur place, en Syrie : ses Gardiens de la révolution. Et elle soutient le Hezbollah libanais qui combat lui aussi l’opposition armée en Syrie. De fait tant qu’il a le soutien de Téhéran, Bachar el-Assad n’acceptera pas les compromis, comme la mise en place d’un gouvernement de transition.

L'ONU décrédibilisée

Et si l’Iran ne vient pas à Genève 2, il sera difficile de faire évoluer les positions, ce qui laisse plutôt mal augurer d’un résultat positif de cette conférence. L’ONU, qui l’organise, sort quelque peu décrédibilisée de cet épisode, un épisode d’autant plus difficile à comprendre que l’Iran avait déjà indiqué que, s’il recevait une invitation, il était prêt à venir, mais qu’il n’accepterait pas de conditions préalables.

Riyad tire les ficelles

Il s'agit donc d'un véritable cafouillage. Selon Karim Paksad, chercheur à l’IRIS, l’Institut de relations internationales et stratégiques, c’est en fait l’Arabie saoudite qui a fait pression sur l’opposition syrienne pour qu’elle menace de se retirer en cas de venue de l’Iran. Riyad ne souhaite pas un éventuel rapprochement entre l'Iran et les Etats-Unis. Or si l’Iran aidait à trouver une solution au conflit syrien, ce serait évidemment le cas.

Circonstance aggravante, c'est ce début de semaine qu'entre en vigueur l'accord provisoire -négocié également de Genève - sur le nucléaire iranien : l'Iran gèle une partie de ses activités nucléaires pour six mois en échange d'un assouplissement des sanctions européennes et américaines.

La Russie : « une interprétation malhonnête de ce que nous avons convenu à Genève »

La Russie, soutien au régime de Damas œuvre également en coulisses pour un règlement négocié du conflit. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov tenait ce mardi matin une conférence de presse. Il a rappelé que, lors des contacts qu'il avait eu avec les Etats-Unis, John Kerry et lui-même avaient souligné que l'Iran devait collaborer aux négociations pour résoudre la crise.

→ A (re)lire : Un accord sur les principes d'une transition en Syrie a été obtenu à Genève


■ VU DE JORDANIE: les réfugiés syriens ne croient pas en Genève 2

Avec notre correspondante à Amman, Angélique Ferat

Les réfugiés généralement ont une réponse claire : c’est non, il doit partir. C’est un assassin. Abu al-Fida est un chef rebelle près de Deraa dans le sud de la Syrie. Il a perdu des proches, de la famille, a été blesse quatre fois, alors pour lui la réponse a cette question est claire : « Nous voulons que tout le régime disparaisse. Nous n’accepterons pas un gouvernement avec des membres de l’ancien régime. C est le souhait du peuple. Ce sont des criminels. »

Réfugié à Amman, ce professeur d’université est plus nuancé. Il était un proche du régime. Doyen de la faculté de Damas, il a rencontré Bachar el-Assad plusieurs fois, il croyait en la capacité du système à se reformer. La stratégie du tout répression l'a déçu, écœuré, et finalement poussé à fuir la Syrie. « Genève II doit aboutir, absolument.
Le peuple syrien n’a pas le choix. Bien sûr, ils peuvent c'est vrai continuer indéfiniment à se battre, et c'est même ce que le régime souhaite
», analyse-t-il.

Mais pour beaucoup de Syriens, Genève II n’apportera rien. Certains préviennent même qu'aucune solution concoctée à l’extérieur avec en plus la Russie à la table n’est acceptable.

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