Egypte: un vendredi à hauts risques entre pro-Morsi et partisans de la transition

Journée de grande mobilisation en Egypte, ce vendredi 26 juillet. En ce jour de prière, les islamistes appellent à une grande démonstration de force. Ils réclament la chute du pouvoir de transition et le retour de Mohamed Morsi. Mais c’est aussi ce jour que le chef de l’armée a choisi pour appeler les partisans de la transition à soutenir le processus. Des violences sont à craindre entre les deux parties dans toute l’Egypte.

Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti

L’Egypte sera scrutée avec appréhension par la communauté internationale ce vendredi. La principale source d'inquiétude réside dans le fait que les manifestations rivales - celles organisées par les pro-Morsi et celles des partisans de la transition - sont proches les unes des autres au Caire. Les islamistes de la place Rabaa al-Adawiya sont à deux kilomètres à peine du palais de la présidence qui, lui, est réservé aux partisans de l’armée. Ces derniers seront aussi place Tahrir, à quatre kilomètres de l’université du Caire où campent les pro-Morsi.

Si l’une ou l’autre partie décidait de bouger, ça serait la confrontation assurée sauf si l’armée et la police interviennent pour créer une zone tampon. Il y a aussi le problème des cortèges et des marches qui pourraient se rencontrer et entrer en conflit.

A Alexandrie, la place de la mosquée al-Qaed Ibrahim est aux islamistes et la place Sidi Gaber aux partisans de l’armée. Un scénario qui se répète dans toutes les grandes villes d’Egypte, dans le Delta, sur le Canal de Suez et en Haute-Egypte. Malgré les assurances données par la police et l’armée, il est clair qu’il sera très difficile de sécuriser un pays de 85 millions d’habitants.

Des tentatives de médiation entre pro et anti-Morsi ?

Face aux risques de dérapages, plusieurs propositions de médiation ont été formulées. Il y a celle de Selim el-Awa, un candidat à la présidence qui propose des élections présidentielles dans un délai de 90 jours.

L'ancien Premier ministre de Mohamed Morsi, Hicham Qandil, propose de son côté que tous les prisonniers islamistes soient libérés et que l’ex-président ne soit plus gardé au secret. Une étape suivie par un accord sur un referendum sur la légitimité de Mohamed Morsi en tant que président.

Une solution d'autant plus difficile à envisager qu'un tribunal du Caire a ordonné, ce vendredi matin, le placement en détention du président destitué. Le juge d’instruction Hassan Samir a ordonné la mise en détention provisoire pour 15 jours de Mohamed Morsi après son interrogatoire. Il l’a accusé d’intelligence avec le Hamas en vue d’attaquer les commissariats et les prisons d’Egypte, tuer les policiers et faire fuir les prisonniers. Mohamed Morsi est aussi accusé d’évasion de prison le 29 janvier 2011. Pour les Frères musulmans qui dénoncent « le fascisme militaire », ces accusations sont le retour aux méthodes de l’ère Moubarak et visent à justifier la détention de celui qu’ils considèrent toujours comme le président légitime.

De toute façon, de telles propositions arrivent trop tard pour l’opinion publique et sont irrecevables pour l’armée. Cette dernière a donné aux Frères musulmans jusqu’à samedi après-midi pour rejoindre le processus de réconciliation. Un délai au-delà duquel l’armée a déclaré qu’elle « réagira avec détermination à toute incitation à la violence et au terrorisme ».

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