Il porte le turban blanc et la cape noire des mollahs. Hassan Rohani, 64 ans, doit désormais faire face à d’immenses défis. Religieux mais modéré, le nouveau président a tous les regards braqués sur lui. Il incarne l’espoir pour les 18 millions d’Iraniens qui ont voté pour lui le 14 juin.
Avec 50,68% des voix, sa victoire a été une véritable surprise. Certes, sur les six candidats en lice pour la présidentielle, Hassan Rohani faisait partie du trio de tête. Mais le conservateur Saïd Jalili était donné largement favori. Beaucoup d’Iraniens s’étaient d’ailleurs préparés à affronter une nouvelle fois quatre années d’isolement avec un conservateur au pouvoir.
L’Iran a-t-il trouvé son équilibre ?
Durant les dernières années, des présidents conservateurs ou réformateurs se sont succédé à la tête de l’Iran. Les premiers, extrêmement rigides, suivaient à la lettre les commandements du Guide suprême Ali Khamenei, véritable numéro un du régime. Les seconds faisaient preuve de trop d’ouverture et entraient souvent en conflit avec l’ayatollah.
Hassan Rohani pourrait en revanche incarner l’équilibre pour les Iraniens. D’un côté, il est assez religieux pour ne pas rompre avec le système des mollahs, dont il est lui-même issu. De l’autre, il assez ouvert et assez démocrate. Le nouveau président pourrait très certainement accepter d’entamer un dialogue avec les puissances occidentales afin de trouver une entente sur le dossier nucléaire qu’il connaît sur le bout des doigts.
« L’Iran ne renoncera pas à l’enrichissement de son uranium »
Poursuivre le programme nucléaire iranien ne signifie pas forcément défier les puissances occidentales. En 2003, Hassan Rohani, alors négociateur sur le nucléaire, était parvenu à un compromis. Sous le contrôle de la communauté internationale, il avait permis à son pays de continuer l’enrichissement de son uranium à des fins pacifiques.
Mais les termes de cet accord avaient été violés par les Etats-Unis. Washington avait finalement refusé de laisser l’Iran poursuivre son programme d’enrichissement. Par la suite, la situation s'était davantage envenimée, surtout avec l’arrivée au pouvoir en 2005 de Mahmoud Ahmadinejad.
Lors de sa première conférence de presse ce lundi, Hassan Rohani s’est prononcé pour la poursuite du programme nucléaire, tout en prônant plus de transparence. Cette déclaration conciliante vise d’une part à rassurer la communauté internationale. D’autre part, Hassan Rohani souligne sa volonté de préserver les intérêts de son pays. Mais pour lever les sanctions internationales qui pèsent sur l’Iran, ce partisan d’une économie libérale devra trouver un arrangement avec les pays occidentaux.
La politique intérieure : l’autre grand défi de Hassan Rohani
Mir Hussein Moussaoui et Mehdi Karoubi sont les deux grandes figures du camp réformateur en Iran. Durant sa campagne électorale, Hassan Rohani, bien que soutenu par leurs partisans, a préféré rester vigilant. Il n’a que très rarement évoqué ces ténors de l’opposition qui se trouvent en résidence surveillée.
Mir Hussein Moussaoui et Mehdi Karoubi sont à l’origine du Mouvement vert. En 2009, avec un fort soutien populaire, ils ont contesté la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. Hassan Rohani devra tôt au tard rendre des comptes à leur sujet. Reste à savoir si le véritable numéro un du régime iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, laissera une marge de manœuvre suffisante au nouveau président Rohani.