Avec notre envoyé spécial à Tripoli, Daniel Vallot
C’est un calme précaire qui s’est installé dans le quartier sunnite de Bab el-Tebbaneh. A certains croisements, pas de voiture, pas de piéton, par crainte des tireurs embusqués.
Un habitant du quartier raconte : « Ici, personne ne peut marcher. Parfois tu peux traverser, mais parfois ils tirent. Ils ne veulent pas nous laisser tranquilles. Eux, ils sont encerclés. Et du coup, ils veulent nous empêcher de vivre normalement. Tout est complètement bloqué ! »
Pour les habitants sunnites de Tripoli, ce sont les alaouites du quartier de Jabal Mohsen qui sont à l’origine des violences. « Ils ont tiré, disent-ils, sur ordre de Damas, pour faire oublier la bataille de Qousseir en Syrie. » Mais dans le quartier alaouite, les habitants en sont convaincus : ce sont les sunnites qui ont ouvert le feu.
Une femme témoigne : « C’est une forme de revanche. Ils ne peuvent pas se battre là-bas en Syrie alors ils se battent ici. Parfois, l’un de leurs combattants meurt en Syrie, alors ça les rend dingues et ils se vengent sur nous. Mais ce n’est pas nous qui les avons tués ! »
Comme les autres habitants de Jabal Mohsen, cette alaouite s’attend à une nouvelle explosion de violences dans les prochains jours si la ville de Qousseir tombe définitivement aux mains du Hezbollah. « Alors, dit-elle, la réaction des sunnites sera terrible ».