Il y a plusieurs raisons au mutisme de la presse américaine à propos de l'enquête du journal Le Monde sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, à commencer par la plus prosaïque d'entre elles : ce lundi était férié aux Etats-Unis. Il s'agissait en effet du Memorial Day, le Jour des vétérans. Le débat sur la Syrie n’a donc pas rebondi ce lundi.
L’autre raison principale, c’est que les Etats-Unis ont reconnu dès le mois dernier être en possession de preuves matérielles de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie. Mais Washington affirme ne pas savoir précisément quel camp a utilisé ces armes. Reste à voir si l’argument sera de nouveau soulevé ce mardi, après les révélations du Monde.
Mais cette posture permet aux Etats-Unis de rester un peu plus longtemps sur le terrain diplomatique, qu’ils n’ont apparemment pas envie de quitter tout de suite. Pourtant, Barack Obama avait utilisé le terme de « ligne rouge » pour évoquer l’utilisation d’armes chimiques dans le conflit syrien. La déclaration, fin août, en avait surpris plus d’un, y compris à la Maison Blanche, où apparemment, l’on n’attendait pas un président aussi catégorique.
Situation inconfortable
Il est probable qu’en parlant de cette « ligne rouge » lors d’une conférence de presse, Barack Obama avait à l’esprit des images similaires à celles du massacre d’Halabja, commis en 1988 au Kurdistan irakien
. Des centaines de civils avaient alors été tués : hommes, femmes et enfants. Aujourd’hui, les Etats-Unis hésitent à accuser Damas d’avoir franchi cette « ligne rouge ». Une plus grande implication dans le conflit syrien interviendrait alors que Barack Obama s’apprête à faire rentrer le dernier soldat américain déployé en Afghanistan.
La situation est inconfortable pour l’administration Obama, sous la pression de l’opposition. John McCain s’est rendu ce lundi en Syrie où il a rencontré l’opposition syrienne, qui lui a parlé des armes chimiques, et réclame l’aide des Etats-Unis.